L’écriture, c’est dur

lihjjiju

Vous aimez lire, vous aimez les mots, les histoires. Vous avez un esprit créatif, de la fantaisie. Vous sentez qu’en vous, des milliers d’idées s’agitent et ne demandent qu’à sortir, comme des abeilles d’une ruche.

Peut-être que l’idée vous a traversé de vous mettre à écrire…

La seule chose censée à répondre à quelqu’un qui ressentirait un tel appel, c’est : ne le faites pas.

N’écrivez pas. Oubliez ça. Allez plutôt vous promener, regardez la télé, initiez-vous aux danses folkloriques polonaises : n’importe quoi sauf ça. N’allez pas dire que vous n’êtes pas prévenus.

Ecrire, on ne le dit sans doute pas assez, ça n’est pas toujours chouette. Ça peut même être franchement désagréable.

Car qu’est-ce, au fond, que l’écriture, si ce n’est la pratique qui consiste à se cloîtrer, seul face à une page blanche, et à tenter douloureusement d’extraire une pensée pour la transformer en mots ? Ecrire, c’est se heurter volontairement à la déception perpétuelle de ne pas être capable de donner forme à ses idées, de se livrer à un bras de fer avec le langage pour le forcer à faire ce que l’on souhaiterait qu’il fasse, de recommencer, recommencer, recommencer encore, et lorsque l’on a enfin terminé, de contempler le résultat avec amertume, et, dans un geste de contrariété, de tout jeter et de recommencer encore une fois. Ecrire, c’est s’exposer à ne pas être compris, à lire sur le visage de ses lecteurs une moue d’embarras et de scepticisme. Ecrire, c’est beaucoup de sueur pour, au final, ne laisser que des mots. Ecrire, c’est ingrat. Ecrire c’est dur.

Comme l’a écrit Felix Leclerc, « Ecrire est un métier pénible, avec ou sans génie. Avec c’est encombrant. Sans, c’est frustrant. »

« Pourquoi écrire ? Pas parce que c’est amusant, en tout cas pas à tous les coups »

Pourtant, certaines personnes s’entêtent à se lancer dans l’écriture. C’est sans doute que malgré tout, elles y trouvent leur compte.

Certains aiment réellement écrire : elles ou ils y prennent du plaisir, du délassement, aiment se retrouver seules avec elles-mêmes, estiment que jouer avec les mots, c’est follement divertissant. Tant mieux pour elles.

Lorsque l’on interroge à ce sujet la plupart des auteurs, on se retrouve pourtant confronté à des sentiments plus ambigus. A les entendre, ils n’écrivent pas parce que ça leur plait, ils écrivent parce qu’ils ressentent le besoin de le faire. Non, ils n’apprécient pas particulièrement de s’y astreindre : ils souffrent, ils transpirent, ils ressentent de la frustration, mais malgré tout, ils s’y remettent encore et encore, parce qu’ils n’arrivent pas à s’en passer, parce que sans écriture, ils ressentent un manque que rien ne saurait combler.

« Ecrire, c’est comme faire pipi » disent les moins subtils d’entre eux. Une comparaison pas très délicate sans doute, mais, malgré tout, on voit bien pour quelle raison elle tient la route, non ?

Pourquoi écrire ? Pas parce que c’est amusant, en tout cas pas à tous les coups. Pas parce que c’est facile : souvent c’est carrément pénible. Pas parce que c’est un loisir : c’est surtout du travail. Pas parce que ça va nous aider à nous connecter au reste de l’humanité : parfois c’est même l’inverse. Pas pour laisser une trace : la plupart des auteurs ne sont pas lus, les autres vite oubliés. Pas pour l’argent, pas pour la gloire – laissez-moi rire.

Pourquoi écrire ? Parce qu’on en a besoin. Parce qu’il le faut.

Allez, au boulot.

17 réflexions sur “L’écriture, c’est dur

  1. Pingback: La ludification de l’écriture | Le Fictiologue

  2. N’est-ce pas un peu pessimiste comme posture ? N’est-ce pas un rôle que l’on adore endosser, un mythe que l’on aime perpétuer, ce coup de l’écrivain en souffrance ?

    Non, désolé, je ne me reconnais pas là-dedans. Je ne suis pas masochiste. Si cela m’était une torture, j’arrêterais tout de suite.

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    • Même si ça fait bien longtemps que j’ai rédigé ce billet, je crois que ce que je cherchais à exprimer, c’était moins la posture de l’auteur maudit que celle de la personne qui s’est choisie un hobby qui réclame qu’on lui consacre beaucoup de temps et d’attention, qui génère de la frustration et l’incompréhension d’une bonne partie des gens avec qui on en parle, et qui débouche souvent sur peu, voire aucun résultat.

      C’est cool que dans ton cas ça soit une expérience plus divertissante que ce que je décris ici, mais enfin à mon avis, écrire, en général, c’est une occupation moins fun que jouer à FIFA, faire du voilier ou aller boire des verres avec les potes.

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      • Yes. Mais j’ai toujours du mal avec ces auteurs qui semblent s’obstiner à faire quelque chose qui leur paraît pénible (je veux dire : autant jouer à FIFA, faire du voilier ou aller boire un verre avec les potes, s’ils en ont plus envie que d’écrire). Pour le coup, personne n’attend de nous qu’on écrive, personne ne trouve ça vraiment important, et « il y a beaucoup trop d’auteurs », c’est bien connu. Personne ne nous reprochera d’arrêter si on n’en a plus envie. Donc, pourquoi se mettre une telle pression si on trouve cela frustrant ou pénible ? Il y a plein d’autres trucs chouettes à faire dans la vie. Si ce n’est pas pour se faire plaisir, je ne vois pas l’intérêt (mais je suis peut-être trop pragmatique sur ce sujet :))

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      • On en a déjà parlé: j’ai moi aussi beaucoup de mal avec ces auteurs qui sont perpétuellement en train de chercher des techniques pour se motiver à écrire. Si c’est si pénible, ne le faites pas.

        Cela dit, si je prends mon cas personnel, l’écriture n’est pas une joie permanente et elle ne me procure pas une satisfaction aussi immédiate que si je décidais de jouer à FIFA (je suppose: je n’ai jamais joué à FIFA). Je le fais parce que je sais que, sur la durée, j’en retire davantage de bonheur et de plus beaux fruits. En plus, je sais que si ne n’écris pas, au bout d’un moment, ça me manque. Bref, en ce qui me concerne, la question n’est pas juste de savoir si c’est pénible ou pas: oui, je pourrais choisir un loisir plus agréable à court terme, mais je sais que ce n’est pas le meilleur choix pour moi.

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      • @stéphane arnier: je suis d’accord avec toi, je ne me reconnais pas du tout dedans non plus!
        @julien hirt: je n’ai jamais à la fifa d’ailleurs je n’aime pas le foot et petite j’ai toujours aimé et préféré comme activité: m’inventer des amies imaginaires, inventer des histoires, écrire et dessiner et si pour moi tout ça est fun ^^ après je fais aussi des activités comme regarder des films et séries si ce que tu veux dire est une activité moins « prise de tête » et encore ce mot est très subjectif vis à vis des personnes dont des personnes aiment justement les jeux sur la réflexion etc même si pour le coup je trouvais lire prise de tête c’est vrai, d’ailleurs je préférais écrire et dessiner plus jeune que lire ou lire juste mes histoires! mais avant un roman de 200 pages c’était insurmontable pour moi en plus qu’on ne me faisais pas lire des livres qui m’intéressaient et que j’aimais et c’est que depuis 2017 que j’aime lire!
        Mais franchement entre la lecture de livres et l’écriture, ce que je préfère mon choix est vite fait: l’écriture que j’adore depuis petite! L’écriture vit en moi!
        Et c’est vrai qu’à choisir entre lire ou regarder des films ou séries, je choisis regarder des films mais surtout des séries, je suis à la base une fan de séries dont j’ai plutôt découvert les codes des différents genres par des séries et films aussi que par la lecture! 0 livres m’a marqué enfant car j’en lisais pas vraiment à part Martine et j’ai plus abandonné des livres surtout enfants et enfant je préférais regarder des dessins animés qui a aussi forgé ma culture en fiction! pré-ados je lisais que des mangas et ma passion pour l’écriture et le dessin aussi m’est venue à peu près en même temps enfant même si pour le coup à cause des études j’ai fait des pauses en dessin mais j’ai perdu en technique alors que je n’ai jamais cessé d’écrire même si j’ai aussi fait des pauses dans l’écriture de fiction mais moi j’ai aimé aussi écrire des dissertations, commentaires, analyses au lycée et à la fac et j’aime également écrire des critiques de films, séries, livres sous forme d’analyses grâce à l’école.
        Quant aux « activités moins fun » je m’en fous, chacun ses passe-temps et de toute façon je suis de nature introvertie et solitaire depuis petite, je n’ai jamais fumé, j’ai juste bu une fois en gouttelette de l’alcool mais j’ai jamais aimé ça et je ne bois pas d’alcool non plus, je ne suis jamais allée en boite non plus donc pour certains je suis « chiante, ennuyeuse » bah tant pis s’ils me jugent sans me connaitre et je suis fière de ne pas faire comme tout le monde et d’être justement que moi! Etant introvertie, j’ai beaucoup gagné en confiance en moi et j’ai beaucoup appris à m’écouter et oui j’ose refuser des invitations, des sorties si j’ai pas envie de sortir ni l’aie l’énergie pour sortir, si on me demande, j’explique soit ma nature soit je trouve une fausse excuse mais c’est aux gens de s’adapter à moi et pas à moi de le faire, oh non dans cette société d’extravertis, je m’adapte assez alors que voir du monde me pompe aussi de l’énergie et que je me recharge dans la solitude! Quant aux écrivains extravertis oui ils peuvent être plus malheureux dans ce travail de solitude, moi pas du tout au contraire, j’adore écrire seule, dessiner seule, chanter seule, regarder des films et séries seule et je peux aussi sortir de temps en temps où j’aime aussi le shopping mais mon bonheur est surtout chez moi et dans la solitude

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    • @stéphane arnier: je suis d’accord avec toi, je ne me reconnais pas du tout dedans non plus!
      @julien hirt: je n’ai jamais à la fifa d’ailleurs je n’aime pas le foot et petite j’ai toujours aimé et préféré comme activité: m’inventer des amies imaginaires, inventer des histoires, écrire et dessiner et si pour moi tout ça est fun ^^ après je fais aussi des activités comme regarder des films et séries si ce que tu veux dire est une activité moins « prise de tête » et encore ce mot est très subjectif vis à vis des personnes dont des personnes aiment justement les jeux sur la réflexion etc même si pour le coup je trouvais lire prise de tête c’est vrai, d’ailleurs je préférais écrire et dessiner plus jeune que lire ou lire juste mes histoires! mais avant un roman de 200 pages c’était insurmontable pour moi en plus qu’on ne me faisais pas lire des livres qui m’intéressaient et que j’aimais et c’est que depuis 2017 que j’aime lire!
      Mais franchement entre la lecture de livres et l’écriture, ce que je préfère mon choix est vite fait: l’écriture que j’adore depuis petite! L’écriture vit en moi!
      Et c’est vrai qu’à choisir entre lire ou regarder des films ou séries, je choisis regarder des films mais surtout des séries, je suis à la base une fan de séries dont j’ai plutôt découvert les codes des différents genres par des séries et films aussi que par la lecture! 0 livres m’a marqué enfant car j’en lisais pas vraiment à part Martine et j’ai plus abandonné des livres surtout enfants et enfant je préférais regarder des dessins animés qui a aussi forgé ma culture en fiction! pré-ados je lisais que des mangas et ma passion pour l’écriture et le dessin aussi m’est venue à peu près en même temps enfant même si pour le coup à cause des études j’ai fait des pauses en dessin mais j’ai perdu en technique alors que je n’ai jamais cessé d’écrire même si j’ai aussi fait des pauses dans l’écriture de fiction mais moi j’ai aimé aussi écrire des dissertations, commentaires, analyses au lycée et à la fac et j’aime également écrire des critiques de films, séries, livres sous forme d’analyses grâce à l’école.
      Quant aux « activités moins fun » je m’en fous, chacun ses passe-temps et de toute façon je suis de nature introvertie et solitaire depuis petite, je n’ai jamais fumé, j’ai juste bu une fois en gouttelette de l’alcool mais j’ai jamais aimé ça et je ne bois pas d’alcool non plus, je ne suis jamais allée en boite non plus donc pour certains je suis « chiante, ennuyeuse » bah tant pis s’ils me jugent sans me connaitre et je suis fière de ne pas faire comme tout le monde et d’être justement que moi! Etant introvertie, j’ai beaucoup gagné en confiance en moi et j’ai beaucoup appris à m’écouter et oui j’ose refuser des invitations, des sorties si j’ai pas envie de sortir ni l’aie l’énergie pour sortir, si on me demande, j’explique soit ma nature soit je trouve une fausse excuse mais c’est aux gens de s’adapter à moi et pas à moi de le faire, oh non dans cette société d’extravertis, je m’adapte assez alors que voir du monde me pompe aussi de l’énergie et que je me recharge dans la solitude! Quant aux écrivains extravertis oui ils peuvent être plus malheureux dans ce travail de solitude, moi pas du tout au contraire, j’adore écrire seule, dessiner seule, chanter seule, regarder des films et séries seule et je peux aussi sortir de temps en temps où j’aime aussi le shopping mais mon bonheur est surtout chez moi et dans la solitude

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  3. Moi pour le coup, je m’y reconnais totalement =D Cela dépend des périodes : j’ai des moments où écrire est un plaisir pur & dur, un peu comparable à une drogue (il ME FAUT ma dose, où je ne vais pas être concentré sur ce que je fais par ailleurs), et des moments où écrire me devient très pénible (parce que je doute de mon écriture, de l’intérêt de mes histoires, de mes personnages, de mon style, bref de TOUT quoi), mais où je continue quand même à écrire. Parce que c’est un besoin, parce que je ne me vois pas faire autre chose, et parce que maintenant que je suis lancé, il est hors de question de s’arrêter.

    Merci pour cet article ^^ et bonne écriture 😉

    Chris

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  4. euh le message est assez bizarre surtout au début même si je dirai plutôt si on écrit pour en vivre seulement alors pas très possible dans ce sens là oui car malheureusement il sera encore plus difficile d’en vivre et peut-être que le métier d’auteur(e) va disparaitre avec les conditions de travail pas très protégé comme le statut!
    Mais pas d’accord sur ne pas écrire surtout pour le plaisir car je fais partout de ces écrivaines qui écrivent surtout pour le plaisir, le plaisir aussi de jouer avec des mots, le plaisir de raconter des histoires mais surtout le plaisir d’écrire tout simplement et écrire TOUT que ça soit de la fiction comme de la non-fiction, des articles de blog, des analyses, quelques poèmes, une chanson qui m’est venue comme ça, des fictions, écrire et débattre aussi etc donc pour le coup je suis d’accord avec le besoin aussi d’écrire mais pas d’écrire que de la fiction, écrire tout simplement qui est pour moi vital comme respirer et comme parler! d’ailleurs je préfère écrire que parler! Ecrire me demande moins d’énergie que de parler et me procure plus de plaisir que parler et je ne suis pas une grande bavarde à part pour les débats et pourtant à l’écrit, je suis le contraire dans le sens où j’écris souvent des pavés même dans des commentaires et j’écris avant tout pour le plaisir et aussi écrire me procure du plaisir donc dans les 2 sens!
    quant à  » Ecrire, c’est se heurter volontairement à la déception perpétuelle de ne pas être capable de donner forme à ses idées » euh NON pas pour moi en tout cas, je n’ai jamais vécu ça, pour moi au contraire, écrire c’est facile, c’est aussi une facilité que j’ai! Mais oui écrire c’est aussi du travail et ça demande aussi du temps et du travail, j’écris la plupart du temps que des nouvelles pour l’instant et j’arrive très bien à finir des nouvelles en peu de temps et ça demande moins de temps qu’écrire un roman aussi! Mais même des auteurs expérimentés ont dit aussi qu’écrire des nouvelles c’était plus dur qu’écrire des romans donc comme quoi! J’ai jamais connu le syndrome de la page blanche non plus et j’adore vraiment écrire et jouer avec les mots, choisir mes mots etc

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    • Je pense que chaque auteur se fixe un seuil différent, nourrit des ambitions différentes quant à la qualité de ses écrits. Certains tentent constamment de s’améliorer, veulent obtenir des effets précis, pousser leurs plumes dans ses retranchements, alors que d’autres se satisfont de ce qu’ils écrivent, quelle qu’en soit la qualité, parce que le simple fait d’écrire leur suffit.

      J’aime

      • Oui le fait d’écrire me suffit et malgré ça et malgré que je ne partage pas encore mes écrits, je suis une écrivaine! Le simple fait que notre vocation est celui d’écrire en aimant ça fait de nous des écrivains, quant à la forme c’est très subjectif même s’il y a des techniques aussi

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      • Si ça te suffit, que puis-je dire? Cela dit, à mon avis, il y a un certain confort à ne jamais vouloir confronter ses oeuvres au regard d’autrui: on ne risque pas d’être contredit, critiqué, remis en cause. On n’aura pas non plus la chance de se perfectionner.

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