L’interview: Marlène Charine

Même si les livres font partie de sa vie depuis toujours, c’est peu avant la quarantaine que Marlène Charine a eu l’excellente idée de se lancer dans l’écriture. Depuis, cette Suissesse installée dans la région bâloise n’arrête pas: déjà deux romans publiés, un grand nombre de nouvelles et une multitude d’autres projets, tous très différents les uns des autres. Elle nous fait l’amitié de nous en parler.

Cette interview est réalisée avec la complicité des Auteurs helvétiques de littérature de genre, un groupe qui s’est constitué depuis peu et dont je fais partie. Attendez-vous à lire bientôt d’autres entretiens avec des auteur-e-s du groupe.

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Tu lis depuis toujours. Qu’a-t-il fallu pour que tu fasses le bond de l’écriture ?

Mes premières tentatives d’écriture remontent à plus de vingt ans, avec une nouvelle qui a été publiée entretemps, mais que je n’oserais plus présenter telle quelle aujourd’hui. Ce texte est né d’une envie de traverser le miroir, de créer quelque chose moi-même. Cette petite flamme a dû attendre deux décennies avant de s’épanouir complètement, mais elle est toujours restée vivace.

À présent, quelle sensation ça fait d’être une jeune auteure ?

C’est beaucoup d’émotions ! Depuis 2015, j’ai vécu nombre de moments uniques, intenses, formidables. Les premiers « oui », pour des nouvelles, puis pour les romans, la découverte des couvertures, les sommaires, les contacts et échanges, les séances de dédicaces en salon ou en solo, les retours spontanés de lecteurs… Je ne m’en lasse pas, et espère vivre encore souvent de tels instants.

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Ce que tu écris aujourd’hui, aurais-tu pu l’écrire à une autre époque de ta vie ?

Pas de manière aussi satisfaisante. Je pense qu’une certaine maturité m’était nécessaire pour trouver ma « voix », mon style d’écriture, mais aussi pour ne plus m’éparpiller lors de l’élaboration d’un projet.

Comme la plupart des auteur-e-s, tu n’es pas professionnelle actuellement. Quand parviens-tu à te consacrer à l’écriture ? Est-ce que tu souhaiterais pouvoir disposer de davantage de temps ?

Chaque année, je demande au Père Noël de m’offrir des journées de 27 heures… Comme mes courriers doivent se perdre sur la route du Pôle Nord, je jongle entre enfants, boulot, maison et famille. Mon travail à temps partiel me permet toutefois de dégager plusieurs heures consacrées à l’écriture dans la semaine.

Malgré tout, tu es une auteure prolifique, avec deux romans, plusieurs autres récits publiés et toutes sortes de projets. Quel est ton secret ?

Le thé vert et le chocolat ! Plus sérieusement, un imaginaire bien musclé qui tourne en permanence, et un besoin continuel de créer quelque chose.

Parmi tous tes projets et tous les genres auxquels tu as touché, est-ce que tu discerne un fil rouge, un thème central que tu aimes revisiter ?

Le thème de l’identité revient souvent dans mes récits. Qui est-on, qu’est-ce qui est inné ou acquis, quels sont les choix possibles pour changer, devenir ou non quelqu’un d’autre, trouver sa place… Ces thématiques me passionnent. Mes personnages ont également souvent un jumeau, ou des relations fraternelles fortes.

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Vivre de ta plume, c’est un objectif ? As-tu un plan de carrière ?

Ce serait merveilleux ! Mais je crois hélas qu’il faut savoir rester réaliste ; les succes-stories à la Dicker ou à la Dabos en SFFF restent bien rares… Mon objectif de carrière en tant qu’auteure, ce serait surtout de tenir sur la durée, de faire mon petit trou, même modeste.

Quand tu n’écris pas, est-ce qu’une partie de toi continue à réfléchir à l’écriture ? D’où viennent tes idées ?

Je « pré-écris » énormément en conduisant ou lors de mes insomnies, cela me permet souvent de jeter la trame d’une histoire ou de développer des dialogues. Quant à l’origine de mes idées… Bonne question ! Ça peut venir d’une bribe de rêve d’un détail vu dans un film, dans la rue… Je ne sais pas trop, en fait. Souvent, c’est un personnage qui s’impose, ou une scène qui se dessine, et le reste s’imbrique à partir de là. Et j’adore cette phase de création pure, quand on définit un monde, ses règles, quand les personnages naissent et s’affirment… C’est vraiment mon étape préférée, et c’est pour cela aussi que le format nouvelle me plait autant.

« Le Projet Alice » et « Tombent les anges » sont respectivement un thriller teinté d’anticipation et un thriller mêlé de surnaturel. Le mélange des genres, c’est important pour toi ?

Très important ! Il y a tellement des pistes passionnantes à explorer, rien qu’en SFFF. Se cantonner à un seul genre serait bien dommage. Voilà pourquoi j’essaye, en tout cas pour les nouvelles, de tester quelque chose de nouveau à chaque fois, qu’il s’agisse  du genre, de la narration, du style… Ça permet d’élargir son horizon et d’acquérir de l’expérience en écriture. Je fais en sorte de toujours sortir des sentiers battus, jusqu’à écrire de l’heroic fantasy, bien que ce ne soit pas ma tasse de thé. Sur le front des romans aussi, j’ai actuellement des projets en low fantasy, bit-lit, fantastique, fantasy/post-apo, urban fantasy et un thriller.

 

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Tu fais partie du groupe des Auteurs helvétiques de littérature de genre. Y-a-t-il selon toi quelque chose de typiquement suisse dans ton approche de l’écriture ?

Hormis une certaine constance et un côté consciencieux qu’on pourrait juger tout helvétique, je ne crois pas. Au contraire, puisque je vise plutôt des éditeurs et donc un lectorat français, je dois veiller à ne pas parsemer mes textes d’expressions suisses. Finis les soupers, les chiffres en septante ou nonante,  les parcages, les « j’aurais meilleur temps »…

Un conseil, une suggestion à ceux qui te lisent et qui ont envie d’écrire ?

Continuer à lire, plein de choses, de genres et de styles différents, tout d’abord. Puis se lancer ! Chaque auteur a sa manière de fonctionner, jardinier, architecte, noircisseur de feuillets ou accro au clavier… Il faut trouver sa propre voie, son format de prédilection, ses méthodes. Celle dite « du flocon » m’a parfois bien aidée à cadrer des récits qui partaient dans tous les sens. Après, il faut savoir faire preuve de patience, accepter les critiques, remettre souvent son ouvrage sur le métier… En bref, faire preuve de persévérance. (Je dis ça, mais il n’y a pas plus impatiente que moi ! 😉 )

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Tu as, paraît-il, une trilogie de fantasy qui dort dans tes tiroirs. De quoi s’agit-il et quand pourras-t-on la lire ?

Ha, ce projet-là, toute une histoire… L’idée de base date d’il y a plus de dix ans. Depuis, la trame s’est bien modifiée, ce qui devait être un one-shot léger est devenu une trilogie parfois assez sombre, que j’essaye de retricoter en dyptique, et le titre a changé plusieurs fois, pour finalement s’arrêter sur « la Bannière au Renard ». J’espère que je trouverai bientôt un éditeur pour cette histoire qui me tient à cœur.

Parmi tes projets, lequel est le plus proche de se réaliser ?

Il me manque une boule de cristal pour répondre à cette question ! J’aimerais bien sûr que la prochaine bonne nouvelle concerne « la Bannière au Renard », puisque c’est le plus abouti de mes projets en cours. Autrement, 2018 s’annonce chouette point de vue nouvelles, avec un récit fantastique fraîchement paru dans l’anthologie Malpertuis IX, et un autre, horrifique celui-là, à venir dans Ténèbres. Sinon, j’espère pouvoir encore écrire une ou deux fois le mot « fin » en bas d’un bon paquet de pages… 😉

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5 réflexions sur “L’interview: Marlène Charine

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