Le pacte de qualité de l’autoédition

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Les romans autoédités ne sont pas de plus mauvaise qualité que ceux qui sont issus des maisons d’édition. Certains d’entre eux sont même meilleurs, écrits avec davantage de soin, relus avec plus d’attention, fignolés dans le moindre détail, alors qu’il arrive que des ouvrages issus des canaux plus officiels soient assemblés à la hâte, sans trop se préoccuper de la qualité du produit fini.

Cela étant dit, l’autoédition traîne une réputation souvent peu élogieuse. Une grande partie du lectorat ignore tout de son existence. Et parmi ceux qui en ont entendu parler, certains refusent de s’approcher d’un roman qui n’aurait pas reçu l’estampille d’une maison d’édition, craignant que ceux-ci soient bâclés, des premiers jets vite pondus, à l’orthographe et à la grammaire approximatifs, au texte jamais relu, à la mise en page repoussante, bref, des livres réalisés sans aucun regard extérieur ni contrôle qualité, quel qu’il soit.

Ce point de vue ne correspond sans doute pas à la réalité, mais il existe, et le monde de l’autoédition aurait selon moi tout à gagner à en tenir compte s’il souhaite continuer à s’étendre. En deux mots : ne pouvant pas compter sur la béquille du contrôle éditorial, la production autopubliée doit asseoir sa légitimité sur d’autres bases. Naturellement, produire un travail de qualité est et restera le meilleur argument qu’un écrivain pourra faire valoir, et le seul qui compte pour une partie de ses lecteurs.

Néanmoins, étant donné l’offre pléthorique de livres, tout ce qui peut aider un auteur à ressortir du lot est à encourager. Lorsque les piles à lire des amateurs de bouquins culminent déjà à des hauteurs dangereuses, alors qu’ils se contentent de puiser dans la production des maisons d’édition, qu’est-ce qui pourrait pousser ces lecteurs à s’aventurer dans la jungle de l’autoédition, s’ils craignent d’avoir une mauvaise expérience ? À l’heure actuelle, ils n’ont pas de point d’entrée, rien qui leur indique qu’un livre qui n’est pas passé par les circuits traditionnels vaut le détour, qu’il a été réalisé avec le même soin et le même souci du détail que s’il était issu des plus grandes maisons.

Le constat que je dresse ici n’est pas nouveau. Depuis des années, le petit monde de la littérature autoéditée planche sur la question, l’envisageant sous tous ses angles. L’idée de créer un label de qualité qui pourrait servir de garantie au lectorat a été envisagée, étudiée, longuement débattue, avant que chaque tentative de construire quelque chose ne sombre dans des querelles sur des points de détail. On ne va pas les blâmer parce qu’en réalité, c’est leur plus grande qualité : les autrices et les auteurs auto-édité-e-s sont farouchement indépendants, ils ont du mal à se plier à ce qu’ils considèrent comme une contrainte extérieure, à plus forte raison s’ils ne sont pas d’accord à 100% avec ce qu’on leur propose. Qui plus est, à quoi bon mettre en place une autorité extérieure qui garantit la qualité d’un ouvrage ? N’est-ce pas réinventer les maisons d’édition ? Personne n’a besoin de ça.

Partant du principe qu’il existe chez les lecteurs un besoin de points de repère face à l’offre pléthorique qui déferle sur le marché, mais que toute contrainte est mal vécue par les auteurs qui sont les principaux intéressés, je propose donc un pacte de qualité pour l’auto-édition.

Il ne s’agit pas d’un label, il ne s’agit pas d’un cahier des charges, personne ne force qui que ce soit à faire quoi que ce soit, lecteurs et écrivains conservent leur entière liberté. Il s’agit d’un acte volontaire, librement consenti et public, de la part d’un auteur auto-édité, de s’engager à produire un livre répondant à des normes minimales de qualité formelle.

En deux mots, il s’agit d’un engagement sur l’honneur à fournir un produit qui correspond à des standards proches de ceux des maisons d’édition, ceux dont les lecteurs ont l’habitude. Le simple fait d’adhérer à ce pacte témoigne d’une volonté de bien faire, d’un aveu que l’édition correspond à une somme de métiers ou d’interventions (relecture, correction, mise en page, illustration, contrôle éditorial, etc…). Si l’auteur qui s’engage possède certaines des compétences requises pour faire le travail lui-même, tant mieux, sinon, il fait appel à des tiers.

Cette exigence, de nombreux auto-édités s’y plient déjà, naturellement. Mais le lecteur n’en est pas toujours informé. Je suggère de rendre cette démarche explicite.

Le pacte qualité des auteurs auto-édités est un engagement qu’un écrivain prend à titre personnel, vis-à-vis de ses lecteurs. Il prend la forme qu’il souhaite, épouse les limites qu’il veut, et est communiqué de la manière dont il a envie. Pour débroussailler le terrain et faciliter les démarches de celles et ceux qui souhaiteraient s’engager dans cette voie, je vous suggère ici une manière de faire, conçue pour être évolutive et paramétrable. À chacune et chacun de voir s’il souhaite la reprendre telle quelle ou la modifier.

Dans la conception du pacte telle que je la propose, l’engagement est imprimé sur le quatrième de couverture, en bas de page, en faisant figurer la phrase suivante : « L’autrice/auteur garantit que ce livre auto-édité a été : »

À la suite de cette phrase, il inclut l’un ou l’autre des quatre pictogrammes suivants, en fonction de sa situation et des limites qu’il souhaite donner à son engagement. Chacun de ces symboles représente une promesse différente. Ensemble, elles assurent une qualité formelle minimale à un ouvrage.

Relu

signalétique relu copie

Le roman a été intégralement relu plusieurs fois par le romancier lui-même, dans l’optique d’en assurer la qualité formelle, traquant les erreurs de grammaire, d’orthographe et de typographie, mais également les répétitions et autres erreurs stylistiques, ainsi que les faiblesses de construction narrative et structurelle. Le pictogramme « Relu » symbolise à lui seul une exigence de qualité de faible niveau, mais assure au lecteur qu’il n’a pas affaire au premier jet d’un texte envoyé à la hâte à la publication.

Corrigé

signalétique corrigé copie

Ce symbole assure que le roman a été entièrement relu et corrigé par une tierce personne, éventuellement par un correcteur professionnel, ou grâce à l’assistance d’une application d’analyse textuel, afin de l’expurger des erreurs en tous genres, telles que celles qui sont mentionnées dans le paragraphe précédent. Pour autant que l’auteur le sache, un texte « Corrigé » est un texte sans fautes.

Mis en page

signalétique mis en page copie

Un document marqué par ce symbole a été mis en page avec soin. L’auteur a fait appel à un maquettiste professionnel, ou, à défaut, a pris sur lui d’observer avec soin les standards les plus exigeants de typographie, de choix de polices, de traitements des images, de formatage des paragraphes, de titrages et autres considérations techniques, afin de garantir une lecture fluide et agréable au lecteur.

Validé

signalétique éditorial copie

Dernière catégorie du pacte, l’estampille « Validé » témoigne que le texte a bénéficié d’un contrôle éditorial par une tierce personne : un éditeur, coach en écriture ou écrivain qui s’est penché sur le texte avec un regard critique, qui a attiré l’attention de l’auteur sur les faiblesses dans le fond et dans la forme, et qui a exploré avec lui les moyens de les surmonter, jusqu’à parvenir à un résultat satisfaisant pour tous les deux. Un roman « Validé » est produit avec la même exigence qu’un texte ayant bénéficié du contrôle éditorial d’une maison d’édition.

Les définitions de ces quatre catégories sont laissées vagues et c’est volontaire. Qu’est-ce qu’une mise en page « agréable », par exemple ? La plupart des romans sont publiés avec des paragraphes justifiés, et il s’agit d’un standard largement reconnu, mais un auteur qui ne souhaite pas s’y plier pourra choisir d’inclure le symbole « Mis en page » malgré tout, s’il juge que le résultat est tout de même esthétiquement cohérent et plaisant.

Au fond, l’avis de l’auteur compte peu : cet engagement est pris vis-à-vis du lecteur et c’est lui qui, en fin de compte, décidera si celui-ci est crédible ou non. Un texte bâclé et truffé d’erreurs dont l’auteur aurait l’audace d’inclure une signalétique comme celle-ci serait ridiculisé par ses lecteurs et risquerait de s’attirer une mauvaise réputation. En réalité, il n’y a rien à gagner à affirmer que l’on se plie à des exigences formelles si ce n’est pas le cas. Les faussaires se font vite débusquer.

Le pacte qualité des auteurs auto-édités est un instrument de marketing destiné à présenter un roman sous un jour plus séduisant, c’est le témoignage d’un souci de bien faire, c’est un instrument destiné à rapprocher les auteurs des lecteurs. C’est surtout une idée faite pour être utilisée dans le monde réel, modifiée, améliorée, débattue. Chacun peut se l’approprier et en offrir une variante personnelle. Au final, le double objectif poursuivi est la satisfaction des lecteurs et la fin des stéréotypes sur l’auto-édition.

Plus encore que d’habitude, je vous encourage donc à débattre de cet article ici, de le partager autour de vous et de poursuivre la discussion sur les réseaux et dans le monde réel, dans l’intérêt des lecteurs comme dans celui des auteurs.

22 réflexions sur “Le pacte de qualité de l’autoédition

  1. Il y a de bonnes idées et des vérités mais malheureusement dans les faits ça me paraît compliqué à mettre en place. Principalement parce que tu comptes sur la bonne foi des gens et selon moi, surtout dans ce milieu, c’est limite utopique. Puis si un organisme se met en place, par exemple, on retombé dans un système proche de l’édition actuelle donc finalement ça ne change pas grand chose.

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    • Merci de ton commentaire. Je comprends très bien ta réserve.

      La distinction que je souhaiterais faire, c’est qu’il ne s’agit pas d’un système qui repose sur la bonne foi (même si naturellement elle fait partie du truc) mais sur l’honneur. La personne qui fait la démarche d’ajouter ce genre de pictogrammes à sa publication prend un engagement vis-à-vis de ses lecteurs, et ceux-ci peuvent aisément vérifier s’il dit vrai. C’est comme si, sur la devanture d’une boulangerie, on pouvait lire « Ici on vend des pains au chocolat fourrés au chocolat au lait et aux éclats de noisettes »: si ce n’est pas le cas, la clientèle s’en apercevra immédiatement et fera une mauvaise publicité au boulanger.

      Pour un auteur auto-édité qui met sur le marché un bouquin bourré de fautes sans le faire vérifier par personne, il est plus avantageux de ne rien dire du tout que de prendre des engagements publics dont tout le monde va s’apercevoir qu’ils sont faux, à mon avis.

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      • C’est normal, comme dit je trouve ton billet intéressant et tes idées aussi même si dans les faits je ne crois pas à la possibilité de les mettre en place. Je dois être trop blasée et défaitiste sur ce milieu ^^
        L’honneur n’a malheureusement plus grande signification de nos jours. Encore une fois ce système serait génial dans un monde où les lecteurs comme les auteurs prendraient leurs responsabilités mais ce n’est pas ce qui se passe dans la réalité. Déjà, chacun a sa propre vision de ce qu’est un bouquin de qualité, je le constate tous les jours. Je prends l’exemple du pictogramme « relu » vu que je te réponds de mon GSM je vais éviter de te faire un argumentaire pour tous xD Un auteur pourrait arguer qu’il l’a bien fait relire et donc qu’il n’est pas responsable des erreurs restantes parce que y’en a toujours même chez les grands blablabla on connaît la musique. Beaucoup de lecteurs sont plus compréhensifs avec des AE là dessus d’ailleurs. Du coup, il pourrait quand même user de ce pictogramme car il y a eu une relecture mais par une personne non pro ou qui se dit pro mais on n’a pas tous la même définition de ce que ça représente (j’ai travaillé à une époque avec une correctrice que je préfère oublier…). Et même si on met en place des définitions strictes, on pourrait toujours les contourner.
        Je rêve évidemment d’un monde où tous les auto édités œuvreraient dans un souci de qualité et n’utiliseraient pas l’excuse du « oui mais j’ai tout fait moi même » pour justifier la mauvaise qualité d’un texte, la faiblesse d’une intrigue ou un objet livre raté. Et où les gros éditeurs auraient un respect analogue en évitant d’emballer une bouse pas corrigée sous un trop belle couverture. Mais ça nécessite une prise de conscience massive dans un milieu actuellement en plein changement. Tout ce qu’on peut faire à notre niveau c’est appliquer ces critères sur notre propre travail, se montrer intransigeant et soutenir ceux qui le sont également en espérant aider la tendance à se répandre.

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      • Un des objectifs de ma démarche, c’est de nourrir le débat autour de ces questions, aussi je te remercie chaleureusement d’apporter ta contribution, c’est riche et très intéressant. Et oui, comme tu le dis, « tout ce qu’on peut faire c’est appliquer ces critères à notre propre travail. » C’est tout à fait vrai et je pense que c’est déjà énorme. Et finalement, pour mettre en place ce système, il suffit qu’un auteur s’y mette, puisque cela n’engage que lui, et uniquement vis-à-vis de ses lecteurs.

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      • Avec plaisir, j’aime beaucoup échanger sur ces questions, surtout avec des gens qui prennent la peine de réfléchir un peu plus loin et d’apporter des idées. Comme tu le soulignes, on peut déjà chacun mettre en place ces critères pour nous-mêmes et ça veut déjà dire beaucoup. Respectons nos lecteurs grâce à cela et espérons que ça devienne la tendance dominante.

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  2. Excellentes idées mais gare aux fraudes ! Au final personne ne pourra réellement vérifier que tel auteur a bien été corrigé, etc… Si même avec le bio il y a des dérives, de fortes chances que ce soit le cas avec l’auto-édition. Mais, je suis d’accord qu’il est urgent de traiter cette question. En tant que future auto-éditée, je n’ai pas vraiment envie d’être mis dans le même sac que des livres bâclés alors que j’ai mis du temps, de la passion et de l’argent pour écrire un recueil de qualité.
    En tout cas merci pour cet article !

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    • Merci !

      Je ne pense pas qu’on puisse parler de « fraudes », si tu me permets cette distinction. Il ne s’agit pas d’un label mais d’un pacte. La personne qui utiliserait abusivement cette signalétique ne violerait pas un règlement, elle trahirait la confiance de ses lecteurs, qui, par ailleurs, s’en apercevraient immédiatement. A quoi bon, pour un auteur, s’engager publiquement à respecter un cahier des charges formel s’il n’a pas l’intention de le faire? C’est se tirer une balle dans le pied.

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  3. Je trouve l’idée des picto juste génial. Après comme cela a déjà été mentionné, ça tiendra de la bonne foi de l’auto-édité. Je suis directement concerné comme tu le sais et je pense que je vais jouer le jeu pour ma prochaine parution parce que franchement l’idée est bonne et me parle. Après pour un auto-édité la plus grande force et crédibilité que l’on peut obtenir viens sans doute des premières chroniques faites sur nos œuvres. Si les Blogueurs / chroniqueurs sont conquis, alors là on peut s’imaginer qu’on nous prendra enfin au sérieux pour la suite.

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    • Oh, c’est sûr. Rien n’est plus parlant que de produire de la qualité. Mais si, en amont, un auteur parvient à communiquer au lecteur potentiel son souci de faire de la qualité, c’est un point positif. J’imagine assez bien la conversation en stand, où l’auteur montre les pictogrammes à un curieux, et ça débouche sur une conversation, et pourquoi pas, sur un achat.

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  4. Te souviens-tu de mon article qui exposait plusieurs mauvaises façons de défendre une bonne cause ? On est typiquement là dans l’information « en creux » : de mon point de vue, les autoédités qui passent leur temps à communiquer pour dire que leurs livres sont aussi sérieusement faits que ceux édités de façon traditionnelle ne font en fait que propager l’idée inverse.

    Dire « mon livre aussi a fait l’objet d’un travail sérieux et est aussi bien qu’un livre édité » c’est exactement comme dire « les femmes aussi peuvent jouer au foot et faire des matchs aussi intéressants que les hommes » : c’est une information exacte, dites avec conviction par quelqu’un de sincère. Mais c’est souligner une évidence… et lorsqu’on est obligé d’insister lourdement sur des évidences, ça ne fait que dire à la personne en face que ce n’est pas une information « qui va de soi », et cela suggère que la majorité des gens pensent le contraire. C’est très peu convaincant.

    Désolé, mais quand un auteur indé me dit « je m’engage sur l’honneur à prendre une douche chaque matin ! » je n’entends qu’une seule chose : « l’autoédition, ça pue un peu… »

    M’enfin, ce n’est que mon avis.
    🙂

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    • Hah, oui, je bosse en radio, et on prend bien soin, par exemple, de ne jamais prononcer à l’antenne une phrase comme « N’hésitez pas nous appeler », parce qu’elle contient le verbe « hésiter », qui est l’inverse de l’idée que l’on souhaite transmettre. Donc je suis familier de cet argumentaire.

      Cela dit, à mon avis, il ne fonctionne que dans les situations où le public n’a pas d’idée préconçue particulière sur le sujet dont il est question. Selon moi, le lectorat estime actuellement que la qualité de l’autoédition est médiocre, voire mauvaise, et donc ce point de vue ne consiste absolument pas un terreau neutre que l’on risque de polluer en y introduisant des notions de qualité auxquelles les gens n’avaient pas pensé eux-mêmes. Ici, on se bat contre une mauvaise réputation, et j’estime que ce n’est pas en faisant mine qu’elle n’existe pas qu’on peut l’améliorer.

      Dire que l’autoédition vise la qualité, ce n’est pas une évidence, c’est au contraire une révélation pour une grande partie du lectorat, à mon avis. Il faut le dire fort et il faut le dire souvent. Ensuite, quand ça sera devenu une évidence, oui, il ne faudra plus le dire du tout.

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  5. C’est un point de vue que j’entends souvent et que je n’ai *jamais* pu vérifier sur le terrain. Les seuls gens qui savent ce qu’est l’autoédition sont les gens en lien avec le livre. Le grand public ? Presque personne ne connait le terme ou ne sait ce qu’il signifie. Sur les salons, si je ne précise pas, tous les visiteurs me considère comme un auteur « normal ». Même quand on achète un livre sur internet il faut s’y connaître pour distinguer un livre auotoédité d’un livre édité traditionnellement. Je pense que ceux qui font la plus grosse fixette sur ce distingo sont… les indés. Ce sont eux qui ont une mauvaise image d’eux-mêmes. 90% des gens ne savent pas ce qui les distingue des autres auteurs (d’où l’argument de mon commentaire précédent). La réputation de l’autoédition, c’est plus la com des indés qui en est responsable que quelques fautes dans un bouquin.

    Du moins c’est ma conviction profonde.
    🙂

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    • Clairement, mon expérience de vie ne vaut pas davantage que la tienne, mais au fil des années, quand j’ai parlé d’autoédition ou d’édition à compte d’auteur (et c’est ce terme-là que les gens connaissent), j’ai fréquemment eu la même réaction de la part d’auteurs en maisons d’éditions, d’auteurs auto-édités, de critiques, de gens de théâtre, d’enseignants, de journalistes, de membres de ma famille, d’amis, de collègues, de lecteurs rencontrés en salon, de libraires, de bibliothécaires: en résumé, leur sentiment, c’était qu’il s’agissait d’une solution de rattrapage, des livres au rabais, écrits par des gens qui n’avaient pas le talent de se faire éditer « pour de vrai. » J’ai souvent pu convaincre que ce n’était pas le cas, mais presque systématiquement, c’était l’image à laquelle j’étais confronté, et ça ne venait pas de moi. Encore récemment, j’étais sur une foire du livre avec des amis auteurs, et une passante a semblé intéressée à mes bouquins, mais a boudé ceux de mes camarades quand elle a appris qu’ils s’étaient édités eux-mêmes.

      Nicolas Feuz, l’auteur de polar Suisse romand qui vend le plus en ce moment, a autoédité tous ses premiers romans et a eu un succès considérable, et malgré tout, quand il a finalement signé avec un auteur parisien, autour de moi, les gens se sont mis à dire « Ah, quand même, il a trouvé un vrai éditeur. »

      Bref, ce point de vue existe, ce n’est pas une vue de l’esprit, et c’est contre ça qu’il faut se battre. Je ne dis pas que c’est rationnel, je ne dis pas que c’est bien, mais c’est, pour une partie des lecteurs en tout cas, une réalité. Cela dit, tant mieux pour toi si tu n’as pas été exposé à ce type de climat et de commentaire, et je souhaite que ta situation soit plus répandue que la mienne.

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      • Je ne dis pas que la situation n’existe pas, je prétends que les indés la provoque davantage qu’ils ne le pensent. Oui, bien sûr qu’on reçoit tous (moi y compris) des commentaires désagréables de la part des gens du milieu (auteurs tradi, éditeurs, blogueurs, libraires, etc.). Mais de la part du grand public, on ne les reçoit que lorsqu’on communique sur le sujet et qu’on leur explique qu’on s’est édité soi-même. Tant qu’on s’obstinera à vouloir insister à tout prix là-dessus, on aura ces réactions-là, c’est inévitable.

        Quand je dis ça, les indés s’offusquent et m’accusent de vouloir « cacher » le fait d’être autoédité. Et ils ne se rendent pas compte que me répondre ça souligne LEUR syndrome de l’imposteur : si vous pensez que « ne pas dire que vous êtes autoédité » constitue une fraude ou une tromperie vis-à-vis du lecteur, c’est que vous pensez que l’autoédition est de médiocre qualité. Personnellement je ne « cache » pas que je suis autoédité, mais je ne l’affiche pas spécialement non plus, et je n’aborde jamais le sujet si quelqu’un ne me pose pas spécifiquement la question. Pour quoi faire ? Pour moi ça n’a aucune importance. Et quand ça n’en a pas pour vous, ça n’en a pas non plus pour « les gens ». Je persiste à penser (mais ce n’est que mon avis) que la mode de monter des salons du livre « spécial autoédition » et toute la com spécifique autour de ce mode d’édition est très néfaste à l’image de l’autoédition, et que le résultat obtenu est l’inverse de celui espéré. Si on veut être considéré comme des auteurs ordinaires, il faut se comporter d’abord nous-mêmes comme des auteurs ordinaires. En salon, j’ai envie que les gens me posent des questions sur l’univers des romans exposés et les histoires que j’écris, par sur la signification de sigles en 4ème de couv sensés les convaincre que « oui c’est bon vous pouvez acheter ce livre, je vous promets que j’ai fait comme un vrai auteur ».

        Après, bien sûr, tout ça, c’est affaire de points de vue…
        🙂

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      • Note bien que je ne suis pas autoédité et que des lecteurs tout à fait ordinaires m’ont déjà confié avoir ce type d’opinions, souvent spontanément. Mais comme je l’ai dit, mon expérience n’a pas valeur de tendance générale.

        Merci quoi qu’il en soit pour ton point de vue qui enrichit le débat et me donne à réfléchir.

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  7. que dire là dessus, moi qui ne suis même pas édité (j’attends benoitement que Gaston Gallimard me remarque – Raymond Queneau devait pousser mon dossier) ?
    Est-ce que les « vraizéditeurs » appliquent tous l’équivalent du pacte de qualité que tu proposes ? Quand on voit que des bouquins sortent en vrac, ou que des auteurs sont signés « au cas ou », sans leur offrir le moindre support de promotion, et que la majorité des livres sont rappelés et pilonnés deux mois après leur sortie, j’en doute : dans le domaine profesionnel, non fictionnel, un des livres auquels j’ai collaboré a eu un prix national (mineur, et partagé avec deux coauteurs, et du à la qualité du photographe sur lequel on écrivait…) ; ça n’a pas empêhcé l’édteur (national) de fourguer tout le stock aux bouquinistes au bout de six mois : je ne m’en offusque pas, mais je me dis juste que ça montre une économie qui court à très court terme… 🙂
    je reviens sur ton pacte : et je me dis que oui, l’idée en vaut la peine, mais je verrais plutôt ça sous la forme d’un groupe d’entraide interauteurs (en association, scop, ou je ne sais quoi) auquel on pourrait adhérer et apporter son savoir-faire et son exigence, et qui ferait en interne les relectures/mise en forme/correction…., garantissant in fine la sortie d’un ouvrage autoédité d’un certain niveau de qualité, chaque membres étant libre de s’auto éditer à sa guise une fois le boulot réalisé.
    (bref, une sorte de maison autogérée qui s’appelerait « les éditions autoéditions »)

    sinon, je suis plutôt d’accord avec plusieurs avis ci dessus, mais pour ne flatter ni ne vexer personne je n’en dirais rien 🙂

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  9. Je suis partagé.

    D’un côté je nie pas que voir « label rouge » sur un paquet de jambon puisse rassure le con-sot-mateur et déclencher un achat, mais c’est la qualité qui prime. Si ce jambon est trop polyphosphaté (et Jean-Pierre Coffe de se retourner dans sa tombe) « c’est de la merde », label ou pas. On ne rachètera pas un label qui nous a déçu.

    Donc j’ai tendance à penser que ce pacte que tu propose devrait plutôt servir de charte de bonne conduite pour les auteurs. Un genre de check-list avant autoédition si on veut.

    De là coller des timbres verts derrière mon bouquin pour convaincre qu’il n’est pas polyphosphaté il y a un pas que je n’irai pas franchir. Je rejoins Stéphane: ce serait entretenir des préjugés (édition=qualité, autoédition=bricolage).
    D’ailleurs ces préjugés sont de l’excrément (j’ai déjà trop cité Cambrone aujourd’hui). Je lis un auteur de BD* depuis des années et quand il est passé à l’autoédition je n’ai pas constaté de baisse de qualité, par exemple.
    Et a contrario j’ai « subi » des bouquins édités avec des fautes, ou dont l’encre tenait plus sur mes doigts que sur les pages.
    Je considère qu’un lecteur est capable de voir lui même si on s’est payé sa tronche ou pas. On regarde l’objet, on le feuillette, etc… Pas besoin de labelliser

    Donc voilà, de mon point de vue une bonne check-list pour s’imposer un « standard qualité ». Mais inutile de coller des étiquettes sur sa production.
    Et vu le nombre de bouquins les auteurs consomment à l’année, il n’est pas difficile d’acheter des livres autoédités et d’en parler quand ils sont bons. C’est plus utile je pense.

    *Pour creuser le sujet autoédition en général, le point de vu de l’auteur en question.
    https://maliki.com/strips/a-croisee-chemins/

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    • Cette idée n’avait pas convaincu du tout à l’époque, donc je l’ai un peu mise entre parenthèses depuis. Je pense que tes remarques sont très judicieuses. J’ajouterais que c’est peut-être une idée trop suisse pour convaincre dans une autre culture : l’idée de s’auto-imposer des contraintes et de s’y tenir va de soi ici, mais semble impensable ailleurs, pour toutes sortes d’excellentes raisons. Merci pour le commentaire et pour le lien !

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