Cultiver ses relations avec les médias

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En guise de conclusion à cette série d’articles consacrés aux manières dont les auteurs peuvent aborder les médias et s’en servir pour la promotion de leurs écrits, je vous propose un billet qui s’intéresse à la question sur le long terme. C’est une chose d’avoir pondu un communiqué de presse efficace, et d’avoir obtenu un sujet dans la presse, voire une interview en direct. Mais comment s’y prendre pour être invité à nouveau, pour faire partie du club des « bons clients », ceux qui sont conviés régulièrement à parler de leurs écrits ?

Comme tous les aspects d’une carrière d’auteur, cela réclame du travail et de la persévérance.

Pour commencer, je vous suggère de conserver et d’entretenir une liste de contacts. Les adresses mail que vous avez utilisées pour votre premier communiqué de presse, conservez-les, ajoutez-en d’autres, s’il vous est venu des idées de médias qui n’y figuraient pas. Et puis, si vous avez eu des contacts fructueux avec des journalistes, ajoutez-y leurs adresses professionnelles personnelles, ainsi que, si vous les avez recueillis, leurs numéros de téléphone. Avoir un répertoire de contacts médiatiques, régulièrement mis à jour, c’est précieux.

Pour un romancier, il peut s’écouler pas mal de temps entre deux contacts avec les médias

Mais la liste d’adresse, brute et sans commentaires, ne constitue qu’un premier pas. Il est également important de vous souvenir de vos apparitions dans les médias : lesquels vous ont manifesté de l’intérêt, sans nécessairement produire des articles, lesquels ont parlé de vous, lesquels vous ont invité à intervenir en direct, ou vous ont consacré un portrait, avec photographe et tout le tralala. Et surtout, à qui est-ce que vous avez eu affaire.

En fait, il s’agit de se constituer votre propre série de petites fiches TripAdvisor des médias. Les journalistes avec qui vous avez été en contact, quel était leur nom, quand vous ont-ils posé leurs questions, comment s’est déroulé le contact, sur quoi tout cela a-t-il débouché, étiez-vous satisfait du résultat, avez-vous des regrets ou des critiques à formuler ? Il peut être utile de noter ces impressions par écrit, parce que, pour un romancier, il peut s’écouler pas mal de temps entre deux contacts avec les médias.

Armé de ces informations, la prochaine fois que vous aurez besoin de faire appel à un journaliste, vous pourrez l’aborder de manière personnalisée : « Peut-être vous souvenez-vous de moi, vous avez consacré un petit article à un de mes romans en avril de l’année dernière ? » Il est parfois difficile d’ouvrir la porte des médias, mais une fois que celle-ci est entrouverte, en général, elle le reste. Et parvenir à installer une certaine familiarité peut aider énormément. Un journaliste qui vous a consacré un article dans le passé sera plus enclin à vous consacrer son attention à nouveau, si, naturellement, tout s’est bien déroulé la première fois.

Rien n’est à la fois plus facile et payant que la gratitude

D’ailleurs, ces choses-là s’entretiennent. Rien n’est à la fois plus facile et payant que la gratitude. Après la publication d’un article ou un entretien en direct, envoyez-donc un petit mail de remerciement au journaliste qui vous a consacré du temps. N’en faites pas trop, quelques lignes suffisent : « Merci pour la publication de l’article consacré à mon roman dans l’édition de jeudi dernier. Vous avez su me mettre à l’aise. A bientôt, etc… » De même, lorsque vous partagez sur vos réseaux les articles et interviews qui vous ont été consacrés, vous pouvez les assortir d’une petite note qui témoigne d’une certaine reconnaissance : « Un moment agréable sur l’antenne de Radio Truc, pour parler de mon roman en compagnie de Pamela et Robert. »

Il ne s’agit pas ici de passer la brosse à reluire : personne n’apprécie la flatterie outrancière. L’idée, c’est simplement de resituer sur le plan de l’humain des relations qui, sinon, resteraient purement formelles. Un journaliste se souviendra davantage de vous si vous faites cette démarche, et sera mieux disposé à votre égard la prochaine fois. Attention tout de même, votre marge est étroite : par nature, la plupart des journalistes se méfient énormément de toute tentative de manipulation, mais ils sont sensibles à ce qu’on reconnaisse leur travail, parce que c’est très rare. Donc pas question d’en faire trop, ni de ne rien faire du tout : quelques mots sympathiques sont suffisants.

Attention : comme pour toute relation humaine, celle-ci a des limites. Comme on a déjà eu l’occasion de le voir, si vous exigez trop d’un journaliste, si vous émettez des recommandations déraisonnables ou trop prescriptives sur son travail, si vous présentez une couverture médiatique comme un dû, ou tout simplement si vous faites appel à lui trop régulièrement, vous risquez d’être catalogué dans la catégorie « emmerdeur », dont il est diablement difficile de sortir une fois qu’on y rentre. Faites donc preuve de modestie, d’amabilité et de mesure, et tout se passera bien.

Tentez une approche différente, jusqu’à ce que ça fonctionne

Cultiver ses relations avec les médias, ça consiste aussi à s’intéresser à ceux qui n’ont jamais parlé de vous. C’est un peu plus délicat, puisque personne ne va vous expliquer les raisons d’un refus : votre communiqué de presse a sans doute été envoyé à la corbeille au terme de cinq secondes de réflexion, personne ne s’en souvient. Toutefois, prenez note des médias qui n’ont pas parlé de vous, et, la prochaine fois, tentez une approche différente, jusqu’à ce que ça fonctionne.

Une possibilité consiste à mentionner, en vous adressant à eux, que d’autres médias vous ont témoigné de l’intérêt. C’est à double tranchant. Si vous sortez de vieilles coupures de presse, consacrées à d’anciens projets, cela va renforcer votre crédibilité et faciliter le travail du journaliste qui souhaite parler de vous. Si, en revanche, vous contactez le canard local en annonçant que la télé du coin vous a déjà consacré un sujet, cela pourra être interprété comme une tentative de pression et diminuer vos chances qu’on parle de vous. Pourquoi refaire ce que la concurrence a déjà fait ?

Soyez courtois, aimable, disponible, intéressant, faites preuve d’initiative mais sans trop insister : les clés d’une relation réussie entre un auteur et les médias, finalement, ressemblent beaucoup à celles qui font le succès d’un couple.

 

3 réflexions sur “Cultiver ses relations avec les médias

  1. Ce que j’aime avec cette série d’articles, c’est qu’elle permet de découvrir les rouages d’un monde qui semble hermétique au profane que je suis.
    Il m’est arrivé de commettre certaines des erreurs contre lesquelles tu mets en garde, et effectivement je les ai regrettées. Quand on lit tes conseils, ils semblent si logiques qu’on se demande pourquoi on n’y a pas pensé plus tôt. En somme, tu donnes une boussole à la majorité des auteurs tels que moi, qui ont fonctionné jusqu’ici à l’intuition, et ça fait du bien.

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