Critique: Maître & Apprenti

Envoyés par l’Ordre Jedi régler une dispute politique sur la planète Pijal, Qui-Gon Jinn et son apprenti, Obi-Wan Kenobi, vont y vivre des aventures et y découvrir des secrets, mais ils vont surtout devoir sauver leur relation, qui est sur le point de se détériorer de manière irrémédiable.

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TITRE : Maître & Apprenti

AUTEUR : Claudia Gray

EDITEUR : Pocket (ebook, traduction)

Mes amis, c’est dramatique. J’ai si peu de temps pour lire, ces derniers temps. En théorie, je prévois de consacrer quinze minutes à la lecture, chaque soir de semaine, ce qui doit faire un peu plus d’une heure au total, après cinq jours. En réalité, mon emploi du temps chargé ou mon état de fatigue me permettent rarement d’honorer cet engagement au-delà d’une fois ou deux par semaine. Ce n’est pas bien grave, naturellement, puisque cela signifie que j’entreprends toutes sortes d’autres choses. En particulier, je consacre beaucoup de temps à ma famille. Mais cela peut tout de même générer quelques frustrations.

Cela signifie que j’ai peu de temps au total pour lire, mais aussi qu’il m’arrive de délaisser un roman que j’ai entamé pendant quinze jours ou davantage. C’est embêtant parce que cela signifie qu’il m’arrive d’oublier des détails de l’intrigue, des personnages, des événements, etc… Lorsqu’on lit, comme c’est mon cas, beaucoup de littérature de l’imaginaire, cela veut dire qu’il suffit qu’un univers de fiction soit un peu complexe pour que je finisse par m’égarer complètement.

Pour lire tout de même, je viens donc de traverser une phase où j’ai enchaîné deux romans Star Wars. Je connais l’univers, ces ressorts dramatiques : je n’en attends aucune surprise, ce qui, dans mon cas, constitue un point positif.

Ce roman, très académique, raconte une aventure de deux personnages de la série Star Wars. L’action se situe quelques années avant l’Épisode I, et met en scène ses deux principaux personnages Jedi, Qui-Gon Jinn et Obi-Wan Kenobi. Alors que le cinéma n’a consacré que quelques scènes à leur relation, ce livre permet aux fans d’en découvrir davantage, dans le cadre d’une histoire qui, agréablement, n’appelle aucune suite. Un lecteur occasionnel qui souhaiterait recevoir une petite dose de Star Wars, sans s’engager à lire une longue série de romans, y trouverait son compte.

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L’autrice, qui a déjà signé « Bloodline », semble écrire des romans Star Wars avec une checklist à côté d’elle. On y découvre donc tous les événements familiers : combats au sabre-laser, droïdes, escarmouches spatiales, contrebandiers, etc… Cela peut rendre la lecture un peu monotone, ou en tout cas sans grande surprise, comme si elle s’était contentée de réarranger les meubles d’une pièce déjà bien connue. Comme son style est purement utilitaire, il n’y a pas non plus de joies à trouver de ce côté-là. Dernière critique : Claudia Gray écrit pour les fans, et pour eux seulement. Ainsi, les espèces extraterrestres sont évoquées par leur nom, et le lecteur qui ne sait pas faire la différence entre un Chiss, un Trandoshan ou un Mon Calamari risque de se retrouver un peu perdu.

Claudia Gray, je l’avais déjà perçu dans le roman précédent, a parfois de belles idées pour donner vie à ses personnages, mais ne parvient pas à les exploiter aussi bien qu’on pourrait le souhaiter. Ici, par exemple, un des personnages principaux est un trafiquant de pierres précieuses qui a été éduqué par des droïdes de protocole – comme C3PO – ce qui a modelé sa personnalité. On imagine ce qu’un auteur habile aurait pu tirer d’un tel concept, mais ici, on reste sur sa faim : l’idée est évoquée, puis elle est à peine utilisée.

Ce qui retient malgré tout l’intérêt du lecteur, dans « Maître & Apprenti », c’est le ton général du livre, entièrement dominé par un sentiment que l’on n’associe pas vraiment à Star Wars : le malaise. Les deux protagonistes sont un maître et un apprenti qui, malgré leurs bonnes intentions, ne sont pas sur la même longueur d’onde, et sont incapables de communiquer pour améliorer leur relation. Chaque scène qui les réunit est donc imbibée de non-dit, de ressentiment, d’embarras. L’autrice parvient admirablement à retranscrire cette gêne, et à nous montrer de quelle manière les liens entre les deux personnages finissent par se resserrer.

Reste que dans l’ensemble, « Maître & Apprenti » est un roman médiocre, qui constitue pour moi une déception. C’est donc avec énormément de réticence que j’ai entamé la lecture d’un second livre estampillé « Star Wars »… pour découvrir à ma grande surprise un roman remarquable. Nous en reparlerons.

3 réflexions sur “Critique: Maître & Apprenti

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