La structure d’un roman: résumé

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Un grand merci pour vos réactions, vos retours et vos témoignages de ces dernières semaines sur ma série consacrée à la structure du roman. Comme demandé, et au cas où certains d’entre vous trouveraient ça pratique, ce billet comporte des liens vers chacune des chroniques de la série.

Première partie: actes, parties, tomes

Deuxième partie: les chapitres

Troisième partie: les paragraphes

Quatrième partie: les phrases

Cinquième partie: les mots

Sixième partie: la ponctuation

Septième partie: la théorie des blocs

La structure d’un roman: actes, parties, tomes

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Dans les semaines qui viennent, je vais vous proposer une série de billets consacrés à la structure d’un roman et à sa construction, pour commencer par les plus gros éléments structurels (les parties) pour terminer par les plus petits (les signes de ponctuation), ce qui nous permettra ensuite de déboucher sur la discussion du plan et de la charpente d’une intrigue.

Vous êtes prêts ? A la réflexion, je ne sais pas pourquoi je vous pose cette question. Si vous ne l’êtes pas, interrompez simplement votre lecture et revenez quand vous le serez, d’accord ?

Certains auteurs choisissent de découper leurs romans en partie ou en actes. Partitionnant le texte en deux à cinq gros segments distincts, ces divisions regroupent généralement plusieurs chapitres et constituent la plus grosse unité structurelle qui puisse exister au sein d’un texte littéraire. Il est possible d’y assimiler le cas d’un roman long qui, pour des raisons d’éditions, serait publié en plusieurs volumes distincts. Chaque tome fonctionnerait pour l’essentiel comme une partie, et présenterait les mêmes fonctionnalités, qualités et défauts sur lesquels je m’attarde ci-dessous.

L’existence de différentes parties au sein d’un roman n’apporte pas grand-chose au lecteur

Selon moi, cependant, partitionner un texte ainsi constitue rarement une bonne option. Au fond, l’existence de différentes parties au sein d’un roman n’apporte pas grand-chose au lecteur. Certainement pas de la clarté : lorsqu’un texte est interrompu deux, trois ou quatre fois par l’entame d’une nouvelle partie, cela n’apporte au lecteur aucune indication qui ne serait pas déjà contenue dans le texte lui-même. On n’y trouvera pas non plus une manière de rythmer le récit, puisque là aussi, ces divisions sont trop peu nombreuses pour avoir un impact significatif sur la lecture.

Au fond, la plupart du temps, l’introduction de différentes parties au sein d’un texte est davantage une coquetterie d’écrivain qu’une décision essentielle au bon fonctionnement d’un texte littéraire : on le fait parce que d’autres l’on fait avant nous, même si, en définitive, cela n’a pas grand intérêt.

Comme dans toutes choses, il existe cependant des exceptions, et dans certains cas, diviser un roman en plusieurs parties peut constituer une bonne idée. Encore faut-il le faire pour de bonnes raisons…

Diviser un roman en différentes parties offre au lecteur un point de repère

On citera d’abord le cas d’un très long texte. On l’a vu, découper un roman en plusieurs tomes est une pratique éditoriale courante, qui peut être motivée par des raisons pratiques (la parution et l’envoi d’un gros volume est compliquée) ou simplement par peur d’effrayer l’acheteur potentiel, plus enclin à lire deux livres de 400 pages qu’un seul de 800 pages. Au 19e siècle, les romans-fleuves de Dickens, Hugo, Dostoïevski sont bien souvent parus en feuilleton, et leur division en différentes parties était liée à leur mode de parution. Quoi qu’il en soit, diviser un long roman en différentes parties offre au lecteur un point de repère, un témoignage de sa progression, une manière de lui signifier que oui, il lui reste encore beaucoup de pages à dévorer, mais qu’il est déjà parvenu à atteindre un moment significatif du roman. Au fond, c’est un encouragement.

Un autre intérêt de cette pratique est qu’elle crée des points de rupture. Si un roman est découpé en trois ou quatre parties, à chaque fois qu’il arrive au terme d’une d’entre elles, le lecteur aura automatiquement l’impression qu’il s’agit d’un moment rare, donc important. L’auteur peut profiter de cette attente pour placer à la fin de chaque partie un coup de théâtre, une révélation ou tout type de fin ouverte qui génère du suspense. Celui-ci n’en sera que renforcé (à plus forte raison si la suite de l’histoire se situe dans un prochain tome à paraître…) La bon acte, c’est celui qui donne envie de lire l’acte suivant.

Découper un roman en plusieurs volets se justifie si chaque partie possède sa propre identité

Enfin, découper ainsi un roman en plusieurs volets se justifie pleinement si chaque partie possède sa propre identité. C’est le cas par exemple si l’action se déroule successivement dans trois lieux différents, et que chacun fait l’objet d’une partie distincte. Ça fonctionne aussi dans des récits qui s’étalent sur plusieurs époques, avec des années d’écart entre les événements : là aussi, subdiviser le récit en parties distinctes fait tout son sens. On peut aussi citer le cas du « Seigneur des Anneaux » de Tolkien, un roman séparé en six « Livres », qui permettent de marquer des changements de protagonistes. Cela fonctionnerait également avec un récit dont le narrateur serait différent dans chaque acte.

Un conseil pour terminer : découper un roman en actes oblige à se pencher de près sur sa structure narrative. Pour être efficace, chaque partie devra être construite comme un mini-roman, avec une mise en situation, une montée en puissance et un dénouement satisfaisant.

Atelier : prenez un roman divisé en parties et cherchez à déterminer si ce découpage apporte quelque chose de significatif. Si c’est le cas, devinez-vous pourquoi l’auteur a fait ce choix ? Y a-t-il certains romans qui ne sont pas découpés ainsi et qui gagneraient à l’être, selon vous ?

📖 La semaine prochaine: les chapitres