La boîte à outils pour vos descriptions

blog le petit plus

Réunir en un seul endroit une série de mots qui peuvent être utilisés pour décrire une émotion ou une expérience sensorielle, et assortir tout ça de conseils pour réussir ces descriptions dans un cadre romanesque : c’était la raison d’être d’une série d’articles publiés sur ce blog ces dernières semaines.

Il s’agissait d’articles-outils, de références à consulter en fonction plutôt que des billets à lire pour le plaisir ou pour élargir ses horizons, raison pour laquelle il m’a semblé nécessaire de les regrouper ici. Vous trouverez ainsi des liens vers chacun des articles de la série, ce qui vous permettra de les redécouvrir, et surtout de tout retrouver en un seul signet, dans l’attente du moment où vous en aurez besoin.

Décrire les émotions

La peur

La tristesse

La joie

La colère

La honte

Décrire les sens

La douleur

Le plaisir

Le toucher

L’odeur

Le goût

Le bruit

 

Décrire la honte

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Le vocabulaire de la honte présente une double nature. Il touche naturellement à la honte ressentie, mais également aux actes qui inspirent ce sentiment, en deux mots, aux comportements honteux. On a d’un côté, tout un champ sémantique touchant à la culpabilité, et de l’autre, des mots liés à l’avilissement. Dans les listes qui suivent, j’évoque donc les deux à la fois : tout ce qui touche à la sensation de honte et ce qui a trait à ses conséquences.

Et voici qui clôt la série d’articles « boîte à outils », que j’ai posté sur mon blog, et dont la raison d’être est de vous aider à décrire les émotions et les sensations des personnages de vos romans. Avec la honte, je complète la liste des sujets que je souhaitais aborder. Cela dit, si vous avez des suggestions d’éléments narratifs qui pourraient être traités de la même manière, n’hésitez pas à me les suggérer, et j’envisagerai de les traiter à leur tour.

Verbes

Abâtardir, affoler, agiter, alarmer, altérer, assaillir, avilir, bouffer, chagriner, chiffonner, consumer, contrarier, corroder, corrompre, déchoir, déconsidérer, dégénérer, dégrader, dépraver, désespérer, déshonorer, détruire, dévaluer, dévaster, dévorer, diminuer, discréditer, embarrasser, émouvoir, enlaidir, entamer, ennuyer, épuiser, éroder, gangréner, gâter, grignoter, habiter, halluciner, hanter, harceler, humilier, lanciner, languir, miner, morfondre, obséder, posséder, préoccuper, profaner, ravager, remuer, ruminer, salir, saper, soucier, souiller, submerger, tarabuster, tenailler, ternir, titiller, torturer, tourmenter, travailler

Noms

Abaissement, abjection, abomination, affection, agitation, alourdissement, angoisse, auto-accusation, autopunition, avilissement, bassesse, bouillon, bourbier, cafard, charge, chiendent, complication, confusion, consternation, contorsion, contrainte, contrariété, culpabilité, déchéance, défaillance, dégoût, dégradation, désagrément, désarroi, déshonneur, difficulté, doute, embarras, embêtement, embrouillamini, embrouillement, embûche, émotion, enchevêtrement, encombrement, engorgement, ennui, entrave, esbroufe, étourdissement, faiblesse, faute, gêne, hésitation, humiliation, ignominie, impasse, incertitude, incommodité, inconvénient, indignité, indisposition, infamie, malaise, mal-être, malheur, manque, marasme, nausée, obstacle, obstruction, opprobre, panade, péché, peine, pesanteur, pétrin, répugnance, regret, remords, repentir, scandale, scrupule, souffrance, tension, timidité, tourment, tracas, trouble, turpitude, vergogne, vilenie

Adjectifs

Affligé, avili, avilissant, bas, confus, consterné, contrit, coupable, crucifié, décomposé, déconfit, décontenancé, dégoûté, désemparé, ébahi, écœuré, embarrassé, gêné, humilié, ignoble, ignominieux, hanté, honteux, humilié, immonde, immoral, impur, inavouable, indigne, infâme, inqualifiable, lâche, mauvais, méprisable, misérable, mortifié, obscène, outragé, pantois, penaud, piteux, répugnant, révoltant, repentant, sale, sordide, soumis, turpide, vergogneux

Prendre des notes

Pour une fois, cela peut s’avérer délicat de vous faire l’observateur de vos états émotionnels, en ce qui concerne la honte. Alors que tout le monde fait à un moment ou à un autre l’expérience de la joie ou de la tristesse, certains tempéraments traversent l’existence sans jamais ressentir de culpabilité, ou même de responsabilité pour leurs actions. Il y en a même parmi ceux-là qui parviennent à remporter des élections. Si c’est votre cas, vous allez sans doute avoir beaucoup de mal à décrire cette sensation qui vous est inconnue.

Cela dit, la plupart des gens font à un moment ou à un autre l’expérience de la honte. Certains sont rongés pendant toute leur existence par une erreur qu’ils ont commise il y a des années ; d’autres se sentent coupables quotidiennement d’avoir été menteurs, paresseux, colériques, peu fiables ; pour d’autres encore, à la rigueur morale inflexible, la honte est leur état normal, une soupe corrosive dans laquelle ils baignent en permanence.

Prenez note des multiples nuances de la honte, de la manière dont celle-ci se manifeste et de ses causes, et vous pourrez transmettre ce sentiment désagréable à vos personnages – en tout cas, ceux qui sont dotés d’une boussole morale (ou d’un penchant naturel pour l’affliction).

Une émotion durable

De toutes les émotions, la honte est probablement celle qui a le plus d’endurance. Un individu peut avoir honte d’un de ses actes pendant toute sa vie, et être confronté à ce sentiment chaque fois qu’il rencontre une situation similaire. À moins de faire un travail sur soi pour se débarrasser de la culpabilité, rien ne vient jamais boucler la boucle et cette désagréable sensation se manifeste encore et encore, comme une fièvre tropicale. Alors que la joie et la colère finissent par retomber, alors que la peur ou la tristesse se transforment, la honte ne fait que s’en aller et revenir, immuable et indestructible.

Et ça, cela concerne uniquement les cas où l’on a honte de ce que l’on fait. Certaines personnes ont honte de ce qu’elles sont, ou d’un aspect spécifique de leur personnalité ou de leur physionomie, et font l’expérience de ce dégoût en permanence, jusqu’à ce que cette émotion s’intègre pleinement à leur personnalité.

Suivre le cheminement d’un personnage hanté par la honte, et qui parvient éventuellement à s’en libérer, peut constituer une piste intéressante pour un auteur.

Le mot juste

Comme toujours, il faut être attentif à rester proportionné dans le descriptif des émotions. La honte ressentie par un enfant qui a chipé une pièce de monnaie sur la table de la cuisine ne se décrit pas avec les mêmes mots que celle du professionnel qui s’est rendu responsable d’un accident de chantier qui a coûté la vie à plusieurs personnes.

De même, il convient de distinguer le vocabulaire de la honte ressentie par un individu de celui qui décrit ses conséquences sociales. On ne décrira pas avec les mêmes mots le ressenti de quelqu’un qui a commis une grave erreur en public et celui des gens qui portent désormais un regard négatif sur lui.

Décrire le bruit

blog décrire le bruit

Rien que le mot en lui-même dérange, évoque le vacarme. Pourtant, quand on parle de « bruit », c’est tout la gamme des perceptions auditive que l’on évoque, du plus feutré jusqu’au plus tapageur, du plus harmonieux au plus dissonant, du ronronnement réconfortant de la machine à laver jusqu’au crissement crispant des essieux sur les rails de chemin de fer. L’ouïe est un fidèle allié des romanciers, un sens qui permet de donner du corps aux descriptions, de leur conférer une dimension supplémentaire, souvent plus viscérale et instinctive que ne l’est l’aspect visuel. C’est pourquoi les guides de conseils à l’écriture suggèrent aux auteurs en herbe de davantage en tenir compte dans les descriptions.

Le bruit, c’est le sens de l’indéfinissable, et donc du suspense : nous, les humains, sommes plus efficaces pour localiser les sources des sons qui nous entourent que pour les identifier. Ce raclement à la fenêtre, est-ce le bruit d’une branche qui frotte la vitre ou quelque chose de plus sinistre ? Il arrive que le bruit nous renseigne de la présence ou de l’arrivée d’un phénomène mais qu’on ne parvienne pas à en avoir le cœur net avant d’avoir une confirmation visuelle.

Le bruit est aussi un sens spatial, réellement tridimensionnel. Notre cerveau est conçu pour localiser la source d’un son dans l’espace qui l’entoure, et donc de lui attribuer un cap et une distance. Percevoir un son, c’est également comprendre si celui-ci s’approche ou s’éloigne, et à quelle vitesse. Cet aspect 3D peut venir enrichir les descriptions et aider un romancier à esquisser à quoi ressemble l’espace qui entoure ses personnages.

Comme toujours dans les articles de cette série, n’hésitez pas à me suggérer des termes liés à la description des bruits mais qui ne figureraient pas dans les listes ci-dessous.

Verbe

Aboyer, ahaner, battre, bêler, beugler, brailler, braire, bramer, bruire, chahuter, chanter, chuchoter, claquer, couiner, craquer, crépiter, criailler, crier, croasser, éclater, (s’)écrier, (s’)égosiller, (s’)époumoner, exploser, feuler, gémir, gargouiller, gazouiller, glapir, grésiller, grincer, grogner, gronder, hoqueter, huer, hululer, hurler, meugler, mugir, murmurer, pépier, piailler, plaindre, résonner, retentir, ronfler, ronronner, rugir, siffler, sonner, soupirer, striduler, taper, tinter, tonner, vagir, vociférer

Noms

Aboiement, agitation, ahanement, babil, barouf, bastringue, battage, battement, borborygme, bordel, boucan, bourdonnement, brouhaha, bruissement, cacophonie, canard, cancan, chahut, chambard, charivari, chuchotement, chuintement, clamer, clapotis, claquement, cliquetis, coup, crépitement, craquètement, craquement, cri, crissement, déclic, déflagration, détonation, écho, éclat, explosion, fanfare, foin, froissement, gémissement, gargouillis, gazouillis, glouglou, grabuge, grésillement, grincement, grognement, grondement, hoquet, huée, hululement, hurlement, impact, mugissement, murmure, musique, parasites, pétarade, pétard, pétillement, potin, raffut, râle, ramdam, remue-ménage, résonance, ronflement, ronron, ronronnement, roulement, sifflement, son, sonnerie, souffle, soupir, stridulation, tapage, tapement, tintamarre, tintement, tintouin, tohu-bohu, ton, tumulte, turbulence, vacarme, vagissement, vent, vocifération, voix

Adjectifs

Acéré, affreux, aigu, assommant, assourdissant, avant-coureur, bavard, beuglard, braillard, bref, bruyant, charmant, comique, continu, continuel, criard, désagréable, distinct, éclatant, effroyable, égrillard, énorme, épouvantable, étourdissant, étrange, extraordinaire, faible, familier, fatiguant, formidable, fort, fracassant, grave, grondeur, harmonieux, horrible, hurleur, importun, inattendu, incessant, infernal, intrusif, joyeux, léger, lointain, lugubre, mauvais, métallique, monotone, mugissant, mystérieux, perçant, plaintif, profond, rauque, récurrent, résonnant, retentissant, ronflant, sec, sinistre, sonore, soudain, sourd, strident, stridulent, suraigu, tapageur, terrible, tonitruant, tumultueux, vague, violent, vociférant

Onomatopées

Badaboum, bam-bam, bamf, bang, bing, blam, boing, boum, broum, bzoing, bzzz, clac, clap-clap, clic, crac, criiii, ding, ding-dong, driiiiing, fsshhh, flap-flap, froutch, glouglou, gzzzzzt, kof-kof, kssss-kssss, paf, pan, pchhhh, pimpon, ping, plic-ploc, plif, plouf, pof, pop, pschiiiiit, ratatata, scrrr, scratch, schlak, scrotch, scrunch, smack, snikt, splash, tic-tac, toc-toc, ttschopp, tuuuut, vlan, vroum, vrrrrr, whammo, whoooouuuu, zzzzrt, zzzz

Prendre des notes

Le grand avantage avec le bruit, dans la perspective d’un romancier, c’est que nous sommes perpétuellement entourés de sons en tous genres. Alors qu’avec les émotions, il est nécessaire d’attendre que celles-ci se manifestent pour en prendre note et nourrir notre vocabulaire spécifique en se basant sur cette expérience, avec les sons, nous sommes constamment bombardés d’exemples.

C’est une aubaine. Profitez-en donc pour tendre réellement l’oreille vers les bruits qui vous entourent et cherchez, pour vous exercer, à les transcrire en mots. Mieux : pourquoi ne pas tenter le coup de consacrer toute une journée à se montrer attentifs aux sons en tous genres, des plus infimes aux plus perçants, afin de voir de quelle manière ceux-ci s’invitent dans notre espace sensoriel et sous quelle forme on peut les inclure dans un contexte romanesque.

Le mot juste

Comme les humains sont perpétuellement entourés de sons, ils ont développé un vocabulaire d’une grande précision pour les décrire. Il est donc important de ne pas faire n’importe quoi, parce que sinon, on tombe vite dans le non-sens. Non, si vous frappez un rocher, celui-ci ne va pas « tinter », et le plus farouche des moineaux ne va jamais « rugir. » Si vous avez un doute, consultez les définitions, et si réellement vous souhaitez détourner un terme pour lui faire dire autre chose que ce qu’on attend, faites-le en toute connaissance de cause.

Des croisements

Décrire un bruit, cela consiste à choisir le mot juste. Mais parfois, dans sa fantaisie, un écrivain va souhaiter s’écarter un tout petit peu des définitions du dictionnaire pour adopter un style plus libre et plus métaphorique. Il n’y a pas de mal à ça. En particulier, il est possible d’obtenir de très bons résultats en croisant les bruits vocaux, produits par l’homme ou par des animaux, et les bruits non-vocaux, générés par des objets.

Ainsi, n’hésitez pas à décrire le son que produit un trolleybus au démarrage comme un « hululement », ou, à l’inverse, à décrire la voix d’un des personnages de votre roman comme « un grincement. » Il est possible de réussir d’autres types de mélanges et d’usages de mots à contre-emploi, mais disons que ce mélange entre le vivant et le non-vivant recèle des trouvailles très riches.

Des mots qui font du bruit

Mots qui cherchent à imiter, en toutes lettres, des sons qui ne sont pas nécessairement produits par la voix humaine, les onomatopées sont des éléments dont on ne réalise pas toujours qu’ils figurent au vocabulaire officiel de la langue française. Pourtant, « bang », « grrrr » ou « zzzzz » sont des mots à part entière, compréhensibles par chacun et qu’il ne faut pas avoir peur d’utiliser. Ça n’est pas sale ! En plus, ils offrent une manière très originale de décrire une sensation auditive, en en intégrant une approximation, un fac-similé, directement dans le texte.

Donc n’hésitez pas à faire preuve d’audace et explorez ce champ avec intérêt. Oui, on peut très bien inclure dans un roman une phrase comme « En pénétrant dans la pièce, il ne perçut qu’un hmm électronique dont il ne parvint pas à identifier l’origine » ou « La proue produisit un grand crac en percutant le ponton. »

Ci-dessus, vous trouvez une liste d’onomatopées ordinaires, mais ce ne sont que des exemples et n’hésitez pas à en inventer de nouvelles en fonction de vos besoins.

De manière plus discrète, vous pouvez également souhaiter jouer sur les allitérations et la musicalité des mots pour appuyer l’évocation des bruits au sein d’un texte. Un verbe comme « fracasser », par exemple, contient déjà des sons qui évoquent les bruits associés à sa signification. Le lecteur ne sera pas nécessairement conscient de ce que vous faites, mais inconsciemment, cela peut avoir une influence sur la manière dont il reçoit votre histoire.

⏩ La semaine prochaine: Décrire la honte

Décrire la colère

décrire la colère

On pourrait croire que la colère est une émotion élémentaire, qui s’apparente à une explosion de rage, bruyante et intense et de courte durée, mais il suffit de s’interroger quelques instants pour réaliser qu’il existe des colères larvées et de longue durée, des colères intériorisées, des colères destructrices, des colères théâtrales et presque comiques. En tant qu’auteur, vous avez toute une gamme de possibilités avec lesquelles vous pouvez jouer.

Comme dans tous les articles de cette série, les listes et les conseils ci-dessous sont destinés à vous y aider. N’hésitez pas à me proposer des suggestions pour étoffer tout ça.

Verbes

(S’)affliger, (s’)agacer, (s’)agiter, (s’)aigrir, attaquer, blesser, bouder, bouillonner, (se) brouiller, (se) cabrer, chagriner, chiffonner, contrarier, courroucer, crier, criser, déblatérer, déchaîner, désappointer, détester, désobliger, embêter, (s’)émouvoir, s’emporter, ennuyer, enrager, (s’)exciter, exaspérer, exploser, (se) fâcher, (se) formaliser, (se) froisser, fulminer, geindre, grogner, gronder, gueuler, haïr, heurter, humilier, hurler, (s’)impatienter, (s’)indigner, indisposer, injurier, (s’)irriter, invectiver, maugréer, mécontenter, (se) mettre en colère, meurtrir, mortifier, nuire, offenser, offusquer, pester, piquer, protester, rager, réclamer, révolter, refroidir, ronchonner, rouspéter, ruer (dans les brancards), tempêter, tonner, (se) tourmenter, ulcérer, (se) venger, vexer

Noms

Acharnement, amertume, agitation, agressivité, aigreur, algarade, animosité, atrabile, bile, bouffée, bouillonnement, bourrasque, brutalité, colère, coup de sang, courroux, crise, déchaînement, démangeaison, démence, démesure, dépit, ébullition, effervescence, égarement, émotion, emportement, exaltation, exaspération, excitation, explosion, fâcherie, férocité, feu, folie, foudre, frénésie, fulmination, fureur, furie, grogne, haine, hargne, humeur, hystérie, impatience, indignation, irascibilité, ire, irritabilité, ivresse, manie, mécontentement, ouragan, passion, possession, querelle, quérulence, rage, rancœur, rancune, représailles, ressentiment, rogne, scène, surexcitation, susceptibilité, tempête, vengeance, violence

Adjectifs

Agressif, aigre, âpre, ardent, atrabilaire, belliqueux, bouillant, bouillonnant, brusque, brutal, cassant, chaud, coléreux, colérique, convulsif, criard, cru, cruel, dangereux, déchaîné, dément, démesuré, difficile, effréné, emporté, énergique, enflammé, enragé, excessif, explosif, extrême, farouche, fébrile, féroce, fiévreux, fou, fougueux, frénétique, fulgurant, fulminant, funeste, hargneux, immodéré, impétueux, impulsif, injurieux, intense, intraitable, irascible, irritable, orageux, outré, passionné, perçant, pétulant, poignant, rageur, rude, sanguinaire, sauvage, sectaire, tempétueux, terrible, tranchant, véhément, vif, vigoureux, violent, virulent, volcanique

Types de colère

Auguste, beau, brusque, bruyant, céleste, concentré, contagieux, contrôlé, coriace, démonstratif, dévastateur, dérisoire, divin, douloureux, effroyable, épouvantable, éternel, étouffé, excessif, extrême, fameux, faux, feint, flamboyant, forcé, fou, fraternel, frivole, froid, gesticulant, grandissant, honteux, imbécile, impétueux, implacable, impuissant, inconstant, incontrôlable, injuste, inouï, intérieur, irrationnel, ivre, jaloux, juste, majestueux, maîtrisé, maniaque, maternel, mou, naissant, noble, odieux, opiniâtre, opportuniste, orageux, paternel, pathétique, pernicieux, perpétuel, populaire, profond, puéril, rationnel, redoutable, rentré, ridicule, risible, royal, sacré, saint, secret, sot, soudain, sourd, subit, tenace, terrible, triste, tu, vain, vengeur, vif, violent

Manifestations de la colère

Bafouillement, bégaiement, cœur qui bat plus vite, comportement agressif, comportement d’écartement, comportement de fuite, cri, dents qui grincent, dents serrées, éclairs dans les yeux, élever la voix, frapper le pied par terre, frapper du poing sur la table, frisson, gorge serrée, maux d’estomac, maux de tête, mouvements frénétiques, mouvements rapides, mouvements secs, objets brisés, mâchoire crispée, poings serrés, postillons, pupilles dilatées, respiration lourde, rouge aux joues, sensation de chaleur, sourcils froncés, transpiration des paumes, tremblements, yeux injectés de sang

Prendre des notes

Ce qui est intéressant avec la colère, c’est qu’elle se manifeste de plein de manières très différentes en fonction des individus et des circonstances : certains crient et deviennent violents, d’autres au contraires se figent et parlent plus calmement que d’habitude, alors qu’il y a aussi des gens qui sont si bouleversés qu’ils fondent en larmes et perdent tout contrôle sur eux-mêmes. La colère est un bon révélateur de la nature d’un personnage, et en particulier de ce qui arrive lorsqu’on franchit ses limites. Elle permet de distinguer les sanguins des cérébraux, les lymphatiques des cyniques.

Il est donc plus important encore que pour les autres émotions de chercher à se constituer une bibliothèques d’impressions de la colère, non seulement en puisant dans votre vécu à vous, mais dans les réactions de ceux qui vous entourent. La colère est très subjective, c’est un théâtre du cœur, et on est constamment surpris par la manière dont elle s’exprime chez certaines personnes. Votre personnage, furieux, va-t-il briser la table, parler très fort, boire un verre et s’en aller, pleurer des larmes de rage, frapper la personne la plus proche ? Même les plus petits détails peuvent donner à ce type de scène le vernis de la vraisemblance.

Se servir du décor

Si l’expression de la colère se prête à des scènes spectaculaires et très chargées émotionnellement, c’est aussi parce que les gens furieux ont tendance à se servir de tout ce qui passe à leur portée pour exprimer leur émotion. Parfois, cela donne à penser que le sentiment de colère est une explosion intérieure, qui peut se transmettre aux choses et aux personnes environnantes.

Pour un auteur, il peut s’agit d’un bon angle d’attaque pour la décrire. Plutôt que de chercher à entrer dans la tête de celui ou celle qui s’enrage, prenons note de ce qu’il fait de ses mains et de ses pieds. Il peut renverser une table, faire chuter des objets, saisir quelque chose de fragile et le projeter contre un mur, donner un coup de pied contre le mobilier ou une porte, il peut effrayer le chat ou faire s’envoler des oiseaux, faire sursauter ceux qui se trouvent autour de lui, leur donner envie de se protéger avec les bras ou de s’enfuir, cracher par terre, presser accidentellement le bouton qui enclenche un compte à rebours dévastateur, tirer avec un pistolet et blesser quelqu’un (ou se blesser lui-même), détruire un objet unique et essentiel à l’intrigue, etc…

Un moteur de l’action

Comme on peut le comprendre à travers les exemples ci-dessus, la colère constitue un excellent moyen d’accélérer l’action et de causer un accident lourd de conséquences ou de faire en sorte que l’irrémédiable soit commis. Un personnage en proie à la colère va négliger quelques instants ce qui pourrait être ses priorités, et endommager des objets précieux ou se brouiller avec un personnage important.

Une scène de ce genre, placée au début d’une histoire, peut servir de point de départ à l’arc narratif d’un personnage. La colère lui a fait commettre une erreur aux proportions monumentales, ce qui engendre une autre émotion, la honte. Que va devoir accomplir ce personnage pour racheter ses fautes ? Cela peut être le point de départ de toutes ses aventures.

Le mot juste

Comme d’autres émotions, la colère s’exprime par degrés, et en tant qu’auteur, il est important de choisir les bons mots pour décrire ce que vous avez en tête. Entre une légère irritation et une fureur totale, il y a toute une gamme de possibilités, à vous de choisir celle qui fonctionne le mieux pour votre histoire.

Une dimension supplémentaire, lorsque l’on parle de la colère, c’est que l’émotion ressentie et la manière dont elle s’exprime ne sont pas nécessairement de la même intensité. Certaines personnes ont beau être furieuses, elles gardent tout à l’intérieur, et leur colère n’est perceptible qu’à travers quelques indices discrets, alors que d’autres en font des tonnes même pour une colère de relativement faible amplitude.

⏩ La semaine prochaine: Décrire le bruit

Décrire le toucher

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On tente quelque chose d’un peu différent dans le troisième article de cette série. Après avoir rassemblé des mots qui servent à décrire la douleur et la peur, ce n’est pas à une sensation ou à une émotion que le présent article va s’attacher, mais à un de nos sens : le toucher. Ici, vous trouverez une collection de mots qui peuvent être utilisés pour décrire la manière dont deux personnages de roman peuvent entrer en contact, par le biais de leurs mains ou d’une autre partie leur corps.

Il s’agit de toute une communication invisible qui peut transmettre énormément de choses au sujet des personnages de vos histoires, sans que ceux-ci aient la moindre parole à prononcer. Cela passe des gestes les plus doux aux plus violents, des contacts bienveillants jusqu’aux intrusions inacceptables, des caresses érotiques jusqu’aux coups violents, en passant par les contacts les plus anodins. Entrer en contact avec un autre être humain, que ce soit en le giflant, en l’embrassant ou en effleurant son épaule, constitue toujours une irruption dans sa sphère privée, sinon intime, et c’est rarement anodin.

Verbes

Accoster, affleurer, affoler, attaquer, attoucher, attraper, blesser, bousculer, cajoler, câliner, capturer, caresser, chatouiller, cogner, déranger, effleurer, embrasser, entailler, examiner, exciter, flatter, fouetter, frapper, frôler, frotter, glisser, goûter, gratter, griffer, heurter, jouer, lécher, lutiner, malaxer, manger, manier, manipuler, masser, meurtrir, s’occuper, palper, parcourir, peloter, pénétrer, perturber, pétrir, pincer, pister, prendre, presser, rencontrer, remuer, rouler, saisir, secouer, serrer, sillonner, sonder, sucer, suçoter, taper, tapoter, tâter, tâtonner, tenir, titiller, torturer, toucher, tripoter, troubler, utiliser

Noms

Accolade, action, agissement, approche, attention, attouchement, baffe, baiser, bec, bécot, bise, bisou, blessure, câlin, câlinerie, caresse, chatouille, chatouillement, chatterie, claque, contact, coup, délice, direct, douceur, effleurement, embrassade, enlacement, étreinte, égard, fessée, froissement, frôlement, frottement, galanterie, geste, gifle, gnon, heurt, impact, intimité, jonction, léchouille, liaison, mamours, massage, meurtrissure, papouille, patin, pression, proximité, rouste, sévices, secousse, tact, taloche, tape, tarte, trempe, tendresse, transgression, uppercut, violence

Types de contact

Accidentel, affectueux, agressif, aimable, aimant, amical, amoureux, anodin, ardent, attendrissant, attentionné, autoritaire, belliqueux, bienvenu, bienveillant, brutal, câlin, caressant, chaud, choquant, complice, conciliant, cruel, déchaîné, délicieux, douloureux, doux, dur, énergique, enragé, exquis, ferme, féroce, familier, flatteur, fort, fou, fougueux, franc, fraternel, frénétique, frivole, gauche, gracieux, grossier, haineux, hésitant, impulsif, infime, inoffensif, inquisiteur, insistant, instantané, intrusif, irascible, irrésistible, joyeux, léger, lourd, malveillant, malvenu, mauvais, méchant, menaçant, minutieux, mordant, mou, obscène, pacifique, passager, passionné, pervers, précis, provocant, provocateur, pudique, puissant, rapide, rude, sage, sauvage, sec, sensible, sensuel, solennel, soudain, subi, subit, tactile, tendre, terrible, tranquille, vif, vigoureux, violent

Combiner tout ça

En s’appuyant sur les listes ci-dessus, décrire un contact entre deux personnages est quelque chose de relativement simple, qui peut donner lieu à une grande richesse évocatoire, en peu de mots.

Comme point de départ de vos explorations dans ce domaine, prenez un verbe parmi ceux que je suggère, mariez-le avec un adjectif ou un adverbe dérivé, et ajoutez-y une partie du corps précise en tant que point d’arrivée du geste, et cela peut mener à une image riche en connotations : « Il effleura accidentellement le creux de son bras », « Il me cogna sauvagement l’arête du menton », « Elle parcourut avec tendresse la fossette au coin de sa bouche », « Il sillonna avec délice sa cuisse attendrissante. »

N’en faites pas trop : n’allez pas décrire de cette manière chaque geste de vos personnages, ça deviendrait rapidement ridicule. Mais une ou deux images de ce genre peuvent laisser une trace dans la mémoire de vos lecteurs et aider à caractériser durablement une relation de votre roman.

Prendre des notes

Imaginez une larme qui coule sur la joue d’un personnage, et le geste que fait quelqu’un de proche pour l’intercepter. Qu’est-ce qui entre en contact avec la larme ? La pulpe du doigt, l’ongle, la phalange, la paume, l’index, le majeur, plusieurs doigts en même temps ? Quelle est la nature du geste ? Efface-t-il la larme ? La saisit-elle ? Se poste-t-il sur sa trajectoire ? Quelle est l’intention qui transparaît dans le geste ? Est-ce une attention tendre, un contact machinal, prudent, séducteur, autoritaire ? Sur un geste aussi simple que celui-ci, il existe une infinité de variations.

Afin de donner de la vraisemblance à vos descriptions dans ce domaine, comme toujours, je ne peux que vous suggérer de vous montrer observateurs, et de regarder de quelle manière vous touchez les gens, de quelle manière ils vous touchent et se touchent entre eux, sans oublier de noter comment ces contacts sont acceptés ou rejetés, et quelle réaction ils suscitent. Un geste entre deux êtres est une conversation, avec une intention, un argumentaire et une réponse, le tout se passant de mots.

Le mot juste

Comme dans cet article, je vous suggère de cultiver les descriptions de contacts physiques entre les personnages comme une forme de communication non-verbale, je ne peux que vous encourager à chercher à utiliser les mots appropriés pour porter le sens que vous désirez. Palper n’est pas pincer, effleurer n’est pas caresser, cogner n’est pas bousculer. Profitez d’étendre votre vocabulaire afin de bénéficier d’une large gamme de synonymes capables de qualifier chaque situation de manière appropriée.

Un geste suffit

Si l’on considère qu’un geste est une forme de communication entre plusieurs personnages, traitez-le comme tel, et passez-vous d’explications. Si, dans votre romance, Jessie ne rate pas une occasion de toucher la main de Jason, de lui tripoter les doigts, de caresser sa paume, il n’est pas nécessaire de préciser ce que tout cela signifie, les lecteurs n’ont pas besoin qu’on souligne ce qui est évident. Donc retenez-vous d’écrire quelque chose comme « Jessie lui toucha la main afin de lui témoigner discrètement l’attirance qu’elle éprouvait pour lui. » Voilà un domaine où le principe « Montrer plutôt que raconter » s’applique la plupart du temps.

Tactiles ou pas ?

Le toucher n’est pas seulement un atout précieux du romancier au niveau de la scène, pour exprimer un sentiment entre deux individus : il peut également être utilisé à plus long terme, dans les grandes longueurs du roman, pour définir un personnage, son comportement et sa personnalité. Certaines personnes sont très tactiles, touchent constamment les autres, quitte à les importuner, et communiquent ainsi toutes sortes d’émotions différentes. À l’inverse, d’autres sont peu tactiles et considèrent que tout contact non-sollicité est une forme d’agression dont ils souhaitent se prémunir. Eux-mêmes ne s’expriment jamais de cette manière, ce qu’on pourrait apparenter à une forme de mutisme des mains.

En vous appuyant sur ces différences, sur le registre émotionnel que vos personnages sont capables d’exprimer par le toucher, vous contribuerez à en proposer un portrait, différent, par exemple, de celui qui transparaît dans leurs choix de vocabulaire.

⏩ La semaine prochaine: Décrire la tristesse