Établir un plan, c’est l’acte créatif le plus important de l’écriture d’un roman. Et une fois qu’un plan est complet, il devient le document de référence le plus crucial pour toutes les étapes qui vont suivre. Bref, je m’en voudrais d’insister, mais le plan est très, très important. S’il y a bien un moment où il faut se concentrer un minimum, c’est quand on aborde cette phase.
Ce qu’on appelle un plan, c’est un document dans lequel toute l’intrigue du roman est résumée : chaque action, chaque fait, chaque personnage, chaque scène, le tout dans l’ordre. Tout ce qui figure dans le plan se reflète dans le roman et tout ce qui est dans le roman a pris ses racines dans le plan. Si le roman est une symphonie, le plan en est la partition.
Le plan, cela dit, ne naît pas de nulle part : c’est le fruit d’un parcours créatif que j’ai déjà eu l’occasion d’évoquer sur ce blog. Il commence par la collecte d’idées, se poursuit par l’élaboration d’un argument, puis par une tentative de lui donner une forme. Ensuite seulement on peut envisager de passer au plan.
On met en place un plan pour la même raison qu’on dessine les plans d’une maison
C’est avec cette étape qu’un livre voit réellement le jour : les enjeux dramatiques, l’évolution des personnages, les coups de théâtre, les moments marquants de l’intrigue, tout figure dans ce document. Au fond, une fois qu’on a mis sur pied un plan bien échafaudé, le roman existe déjà : il ne reste plus qu’à l’habiller avec des mots, des phrases, et toutes ces petites choses qui rendent la lecture agréable.
C’est dire qu’il est très fortement déconseillé de se passer complètement de plan avant d’aborder la phase d’écriture. Un roman, même court, même simple, ça reste un gros morceau d’information à conserver en entier dans un cerveau : sans coucher par écrit certaines de vos idées, sans les relier entre elles, sans rien planifier, elles risquent de vous échapper, ou d’arriver sur la page pèle-mêle et de se retrouver mal utilisées, voire incompréhensibles.
On met en place un plan pour la même raison qu’on commence par dessiner les plans d’une maison avant de lancer le chantier : ça évite pas mal d’erreurs de jugement.
Cela dit, malgré l’importance centrale du plan dans l’aventure de l’écriture, au fond, ça n’est rien d’autre qu’un banal document Word.
Votre plan va vraisemblablement ressembler à un tableau à double entrée
Ou disons : ça peut prendre à peu près n’importe quelle forme, en fonction de vos envies, vos habitudes et de ce que vous trouvez le plus pratique : document Word, Excel ou autre programme du genre, notes lâchées directement sur le papier, post-it punaisées sur un mur, lignes tracées au feutre sur un tableau blanc. Au fond, tout ce qui compte, c’est que vous vous y retrouviez. A titre personnel, j’utilise OneNote.
Quelle que soit votre approche, votre plan va vraisemblablement ressembler à un tableau à double entrée. Les lignes vont représenter chacun de vos chapitres (ou toute autre division qui fait sens pour vous, si vous n’utilisez pas de chapitres). Vous pouvez même descendre au niveau des paragraphes si vous souhaitez un plan plus précis.
Les colonnes vont représenter un certain nombre d’éléments constitutifs de votre intrigue. Cela peut, par exemple, prendre la forme suivante :
Colonne 1 : Numéro et/ou titre du chapitre
Colonne 2 : Les personnages principaux en présence
Colonne 3 : Le(s) lieu(x) où se déroule l’action.
Colonne 4 : Les moments-clé de l’intrigue, action par action.
Colonne 5 : Cheminement et évolution des personnages principaux.
A vous de voir ce qui vous convient. Vous pouvez très bien vous passer de l’une ou l’autre de ces colonnes, ou alors en rajouter d’autres. Certains, en particulier dans les littératures de l’imaginaire, souhaiteront faire figurer une colonne où sont mentionnés les éléments explicatifs liés à l’univers, afin qu’ils trouvent leur place naturellement dans le texte. On peut faire figurer des notes sur le style ou sur le langage, ajouter des repères temporels précis pour parvenir à situer les actions les unes par rapport aux autres, repérer les moments où les personnages quittent la scène et mentionner ce qu’ils font quand on ne parle pas d’eux. On peut utiliser des codes couleur pour les lieux ou les personnages, rajouter des flèches pour rendre plus claires le cheminement de certains des protagonistes, faire figurer des diagrammes pour visualiser les montées et les descentes de la tension narrative, mentionner en grisé les informations connues des lecteurs mais pas des personnages (ou l’inverse)… Les possibilités sont infinies.
Certains ont besoin d’une planification très précise
Une autre manière de rédiger un plan, parfaitement réalisable, est de l’échafauder entièrement à l’aide de la théorie des blocs. L’auteur décrira alors l’action bloc par bloc, en détaillant au besoin les transitions qui relient les blocs les uns aux autres, comme s’il jouait aux Lego.
Le plan sert à planifier l’écriture, à l’auteur de savoir de quoi il aura besoin dans ce domaine. Certains ont besoin d’une planification très précise, scène par scène. Moi, je sais qu’en procédant ainsi, je risque de rendre le moment de l’écriture très ennuyeux et je préfère opter pour un plan plus vague, qui me laisse une certaine marge d’interprétation (mais cette approche m’oblige parfois à procéder à des raccommodages quand surviennent des contradictions ou des éléments d’intrigue que je n’avais pas anticipés).
En règle générale, plus il y a de détails dans un plan, moins vous allez vous mélanger les pinceaux en rédigeant votre manuscrit, et plus solide sera l’intrigue, mais le prix à payer est le risque de manquer de spontanéité dans l’écriture. A l’inverse, moins il y a de détails dans un plan, plus cela laisse la porte ouverte à de nouvelles idées pendant le processus d’écriture, au risque que toute la charpente de l’intrigue s’effondre parce qu’elle n’aura pas été suffisamment planifiée.
Si vous ne savez pas de quoi vous avez besoin, je vous suggère d’essayer le modèle décrit ci-dessus, qui constitue un bon point de départ.
Atelier : une fois que vous avez terminé de créer un plan pour votre texte, envisagez d’y ajouter des colonnes supplémentaires pour mentionner des aspects qui n’y figurent pas encore. Est-ce que certaines de ces nouvelles catégories vous aident ? Dans ce cas, gardez-les. Si ce n’est pas le cas, supprimez-les ou modifiez-les.