Projet Sergio 3 : Lointaine, très lointaine

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Dans le carnet de notes de mon principal projet romanesque en cours, je pense qu’il est intéressant de préciser mon intention de départ. Du point de vue esthétique, mon pitch, c’est « une version western spaghetti de Star Wars ». Je reviendrai dans un prochain billet sur la notion de « western spaghetti », et quel rôle elle joue dans l’histoire et mon approche de l’écriture, mais aujourd’hui, c’est plutôt la partie « Star Wars » de l’équation sur laquelle j’aimerais m’attarder. Pourquoi diable me suis-je lancé dans un pastiche de la saga de George Lucas ?

Si je devais définir « Star Wars », je dirais qu’il s’agit d’une série de récits à la tonalité pulp, qui empruntent des éléments à des genres aussi différents que le space opera à la Flash Gordon, le western, le récit de guerre, le chanbara, les Muppets, avec un peu de fantasy, des emprunts à différents auteurs comme Frank Herbert et Edgar Rice Burroughs et une pincée de Joseph Campbell pour relever la sauce. Bref, il s’agit d’une grande soupe, un vaste mélange d’éléments qui, à la base, ne sont pas conçus pour aller ensemble. C’est une grande oeuvre de littérature postmoderne, pas au sens où on l’entend généralement, mais par le fait qu’elle arrache des bribes de sens de leur contexte original pour en faire un collage et recréer des liens différents, comme si l’histoire de la littérature n’existait pas ou qu’il n’était pas nécessaire d’y trouver sa place. Bref, c’est ce qu’on appelle du syncrétisme, soit une combinaison d’éléments disparates qu’on n’a pas l’habitude d’associer et qui se conjuguent pour créer un nouvel ensemble.

C’est quelque chose qui m’attire depuis que je suis un tout petit garçon. Mon éveil à la fiction s’est joué en grande partie à lire des bandes dessinées de super-héros, ces fables où un détective, un martien, une amazone, un dieu et un type qui est super fort en tir à l’arc décident de collaborer pour combatre le crime, un point de départ insensé pour n’importe quelle histoire, mais qui est capable de catapulter une intrigue dans les directions les plus inattendues. Star Wars, c’est un peu pareil. En tant que lecteur, il m’est arrivé assez souvent de me dire que je serais intéressé à lire du Star Wars qui n’est pas vraiment du Star Wars, mais ça n’est pas si fréquent que ça. Les récits de space opera sont souvent très sérieux, la fantasy, en quête de cohérence, ne s’autorise que rarement des emprunts tous azimuts, et de manière générale, les récits d’aventure sont aujourd’hui devenus rares dans les rayons des librairies.

Alors on me rétorquera deux choses : premièrement, si je suis intéressé par les mélanges, pourquoi vouloir pasticher Star Wars plutôt que de concocter mon propre mélange, à base, par exemple, de fantasy, de new weird, de steampunk, de réalisme magique et de bande dessinée psychédélique ? Et bien ça, je l’ai fait, justement, et ça s’appelle la série du « Monde Hurlant ». Deuxième objection : pourquoi ne pas simplement pondre de la fanfiction, située dans l’univers de Star Wars ? Parce que ça m’ennuie, que si je souhaite reproduire une ambiance générale, je ne veux pas me liers les mains et que je préfère multiplier les petites inventions que les recherches fastidieuses.

Au final, même si l’ambition artistique de ce projet ne dépasse pas l’envie de divertir, j’ai la conviction que les ingrédiens que je rajoute au plat vont lui donner une saveur singulière. J’y reviendrai prochainement.