En prolongement à mes billets sur l’usage d’une religion dans le décor d’un roman et à la création d’une religion fictive, j’ai pensé que certains d’entre vous apprécieraient de lire ceci. Pour le Monde Hurlant, l’univers de mes romans, j’ai décidé il y a quelques années de rédiger la première page des livres saints des trois principales religions.
La première est issue des Chroniques, le livre saint de la Religion Impériale (celle des Humains), en l’occurrence, la première chronique, celle d’Afabe Chédéour, l’Incarnation de Leonasia.
0Il n’y avait rien alors: ni hommes, ni bêtes, ni pensées. Il n’y avait ni lumière, ni obscurité, ni son, ni silence, ni visible, ni invisible. Il n’y avait pas de haut, il n’y avait pas de bas. Il n’y avait pas de mort, il n’y avait pas de vie. Il n’y avait pas d’avenir, il n’y avait pas de passé. Où se trouvait alors cette jeune pousse de Monde? A quelle époque allait-elle germer? Qui aurait pu en saisir la subtile essence?
Il n’y avait pas de centre, il n’y avait pas de périphérie: rien que des mystères dissimulés dans des mystères, et des ombres enveloppées d’ombre. Il n’y avait pas de présence, il n’y avait pas d’absence. Il n’y avait que Lui, présence et absence confondues, à la fois au centre de toute chose et à leur périphérie.
1Au commencement, Anadeus dit «Je suis», et il y eut quelque chose là où il n’y avait rien. Le Monde se sépara entre ce qui existe et ce qui n’existe pas, entre l’indicible et ce qui peut être ressenti, entre l’indescriptible et ce qui peut être connu. Qui d’autre que Lui peut connaître toute chose?
2Puis Anadeus dit «Je veux», et autour de lui, tout se mit en mouvement, tout se mit à changer, à grandir et à évoluer. Le Monde se sépara entre le tout et la partie, entre le réel et le potentiel, entre ce qui est arrivé, ce qui arrive, et ce qui pourrait arriver. Qui d’autre que Lui possède une telle volonté?
3Enfin Anadeus dit «Je fais». Il puisa une partie infime de son essence, et la modela selon sa convenance. Il créa la lumière et l’obscurité, puis le ciel et la terre, et enfin la vie et la mort. Il y eut la promesse des plantes, et la promesse des animaux, et la promesse des Humains. Qui d’autre que Lui possède un tel pouvoir?
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