« Révolution dans le Monde Hurlant » – Le 4e de couverture

blog monde hurlant

« Révolution du Monde Hurlant », mon nouveau roman de fantasy, vient de paraître. Il est possible de le commander ici. 📖

Comme j’ai eu l’occasion de le dire ici, la couverture de mon livre a été l’objet d’une lutte et de beaucoup de tâtonnements. En ce qui concerne le quatrième de couverture, ça a été considérablement plus simple. J’en ai dessiné un, puis, mécontent, j’ai tout jeté à la corbeille et je l’ai remplacé par une photo.

Voici ce que j’avais décidé de faire de prime abord:

briselame quatrième a

C’est moche, ça ne convient pas, on voit que c’est une sorte de collage, en plus je ne savais pas trop où placer le code-barre. Ouste ! J’ai finalement opté pour quelque chose de plus simple:

briselame quatrième b

C’est simplement une photo que j’ai prise au Maroc il y a sept ans, et que je n’ai pas du tout retouché, en-dehors de la faire pivoter:

briselame quatrième c

« Révolution dans le Monde Hurlant » – La couverture

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« Révolution du Monde Hurlant », mon nouveau roman de fantasy, vient de paraître. Il est possible de le commander ici. 📖

Lorsque je me suis mis en tête de lancer la rédaction de ce livre, une chose a été immédiatement claire: j’allais l’autoéditer, et donc, me charger moi-même d’à peu près tout, ne serait-ce que pour faire des économies. Cela voulait dire que j’allais devoir me charger moi-même de la couverture. Aïe aïe aïe.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que je dessine depuis toujours. Comme l’écriture, il s’agit d’un moyen de canaliser ma créativité. Cela dit, en-dehors de quelques mandats par-ci, par-là, je n’ai jamais envisagé d’en faire ma profession. Ca ne m’a jamais tenté, et en plus, je suis très conscient de mes limites techniques. Qui plus est, depuis que j’ai des enfants, j’ai moins de temps à consacrer à l’art, et pour dire la vérité, je suis un peu rouillé.

Le souci, c’est que j’ai écrit un bouquin de fantasy, et que j’avais envie qu’il ressemble à un bouquin de fantasy, donc avec une illustration de couverture peinte et détaillée. Le genre de truc que je n’ai jamais fait et jamais su faire.

Donc j’ai commencé par un crayonné.

briselame crayon

Franchement, je le trouve pas mal. La composition est assez efficace, les proportions sont respectées, on sent que je suis dans mon élément. Ce n’est pas parfait mais ça fait l’affaire. Il s’agissait ensuite de procéder à une première mise en couleur…

briselame couleur

Ouille ! On sent que c’est mal embarqué, non? Ne me demandez pas pourquoi j’ai déplacé le poisson, ça n’a pas duré très longtemps. Ce qui est sûr, c’est qu’à partir de cette première mise en couleur, j’ai galéré comme un fou à faire en sorte que le résultat ressemble à ce que j’avais en tête. Je vous épargne les résultats intermédiaires, mais sachez qu’ils sont épouvantables, laids à faire trembler les petits enfants. En deux mots, pendant les six prochains mois, par petites touches, j’ai dû apprendre depuis zéro, par moi-même, en tâtonnant, les bases de la peinture sur ordinateur (et, franchement, de la peinture tout court).

Le résultat final, c’est donc ça:

briselame bookelis

Honnêtement, j’en suis plutôt content. Oui, je vois les failles, les erreurs, les naïvetés, mais ça fait illusion, je trouve. J’ai énormément appris en le faisant, et franchement, je me suis plutôt amusé. Ce qui est rigolo, c’est que cette couverture est prête, pour l’essentiel, depuis environ un an et demi, alors que je voguais encore sur une autre galère, celle du texte lui-même.

Allez, encore un petit zoom, pour les amateurs:

briselame gros plan

Une prochaine fois, je vous parlerai du quatrième de couverture, sur lequel il y a beaucoup moins de choses à dire. 

L’auteur

blog auteur

Si vous lisez ce blog consacré à l’écriture, c’est probablement qu’un de vos romans a déjà été publié, ou en tout cas que vous en avez rédigé un, ou en tout cas que vous écrivez, d’une manière ou d’une autre, des nouvelles, des poèmes, des billets de blog ou des petits bouts de trucs (merci, au fait).

Si vous êtes dans ce cas, vous vous êtes vraisemblablement posé cette question qui peut être angoissante : suis-je un auteur ? Suis-je une auteure ? Une autrice ? Une écrivaine ? Un écrivain ? Bref, existe-t-il une définition satisfaisante de ce que c’est qu’un auteur et si oui, est-ce que j’en fais partie ? À l’heure où de nombreux auteurs se battent pour que l’on reconnaisse leur profession, cette interrogation n’en est que plus sensible…

Poser la question, c’est réaliser qu’il existe dans nos têtes une dichotomie dont nous sommes conscients mais que nous ne parvenons pas toujours à rendre explicite : l’idée qu’il y a des gens qui écrivent qui peuvent être considérés comme des auteurs, et des gens qui écrivent mais qui ne le peuvent pas. Ainsi, la plupart des gens s’accorderont à dire qu’être un professionnel de l’écriture, publié et salarié, ne suffit pas à faire de quelqu’un un auteur : après tout, les gens qui rédigent les descriptifs dans les catalogues de vêtements et ceux qui imaginent les textes des publicités radiophoniques vivent de leur écriture, mais ne sont pas, en général, considérés comme des auteurs.

Pas besoin de vivre de sa plume pour être un auteur

C’est donc que le critère ne se situe pas à ce niveau : pas besoin de vivre de sa plume pour être un auteur, ce qui est heureux dans la mesure où celles et ceux qui le peuvent sont cruellement, voire scandaleusement, rares. Non, un critère important concerne la nature de l’œuvre produite : un auteur, c’est quelqu’un qui œuvre dans le champ de la littérature, pas de la publicité, pas du journalisme, pas de la communication ou autre branche où l’on écrit.

Au fond, on pourrait en rester là. Tout cela devrait être plus simple que ça ne l’est, sauf qu’il existe dans la culture française tout un fétichisme autour de la condition d’auteur, une exaltation qui génère toute une émotion qui nuit à l’établissement de définitions simples et pratiques à utiliser. Pour beaucoup, écrire des textes de nature littéraire ne suffit pas à conférer automatiquement le statut d’auteur à quelqu’un. Dans la conscience collective française ou francophone, la littérature, c’est quelque chose de noble et de très sérieux, réservé à une élite, et toute personne qui écrit ne peut pas automatiquement se prévaloir du titre d’« auteur » : il s’agit d’un privilège réservé aux vrais gardiens de la culture.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que l’écrivain, pour certains, ça n’est pas un être ordinaire. Il est en communication avec les sphères, il est forgeur de verbe, héritier de Proust et d’Hugo, la muse Calliope lui murmure des mots doux dans le creux de l’oreille, il est cette figure héroïque qui se dresse face à l’ignorance, avec pour seule arme le verbe. L’Écrivain, c’est un de ces mots si beaux et si purs qu’il doit toujours s’écrire avec une lettre capitale pour en souligner le statut.

Il y aurait l’écriture qui est digne d’être considérée comme de la Littérature, et l’écriture qui n’en est pas digne

Car, et c’est ça qu’il faut bien se mettre en tête, il y a d’un côté les Écrivains, les Auteurs véritables, qui s’adonnent à la Littérature, à l’Art, que dis-je, à la Culture, et puis de l’autre côté il y a des gens qui écrivent aussi, mais tout cela est bien trop vulgaire pour qu’on s’abaisse à s’en préoccuper.

En fait, dans ces définitions classiques que certes, je viens de caricaturer avec excès, mais qui n’en existent pas moins réellement, des mots comme « Auteur », « Écrivain » ou « Littérature » se méritent. Ils ne sont pas ouverts à tous. Il s’agit en quelque sorte de labels de qualité. Il y aurait l’écriture qui est digne d’être considérée comme de la Littérature, et puis il y a l’écriture qui n’en est pas digne. Un peu, vous savez, comme quand votre oncle réac et pas très branché hip-hop vomit sur le rap, prétextant que « ce n’est pas de la musique. »

La faiblesse de cette approche, c’est, pour commencer, qu’elle est absurde. Statuer que seule l’écriture de qualité est digne d’être qualifiée de « Littérature », ça équivaut à affirmer qu’il n’existe pas de mauvaise littérature. Or, comme nous le savons tous, celle-ci existe hélas bel et bien (et oui, tonton, il y a aussi de la mauvaise musique). Ces mots descriptifs ne peuvent pas être détournés pour en faire des marques de prestige. Non, la littérature n’est pas un club fermé, auquel seul un quarteron d’auteurs triés sur le volet auraient accès. Pour que les mots aient un sens, il faut reconnaître le statut d’auteur à quelqu’un qui n’aurait pas de talent, sans quoi il n’existe tout simplement pas de terme pour le qualifier, ce qui est, convenons-en, un peu idiot.

Ces mots sont pollués par l’usage que l’on en fait

L’autre point faible du snobisme autour des mots qui entourent la littérature, c’est qu’ils supposent qu’il existe un moyen de faire le tri entre ce qui est digne d’être considéré comme de la Littérature à proprement parler et le reste. Or, il n’existe pas de critères objectifs : les critiques ne tombent jamais d’accord sur la qualité d’une œuvre, et même la postérité peut changer d’avis, célébrant des romans avant de les oublier puis de les redécouvrir.

En l’absence de critères scientifiques, c’est donc que le pouvoir de définir ce qui appartient au champ de la Littérature et qui est digne de se qualifier d’Auteur appartient à un club fermé et informel, une élite intellectuelle autoproclamée qui s’arroge le droit de décider qui peut faire partie du club ou non. N’y allons pas par quatre chemins : je viens de décrire la bourgeoisie. Les définitions classiques et exclusives de l’Auteur, de l’Écrivain, de la Littérature et de la Culture ne sont rien d’autre que les définitions de l’auteur bourgeois, de l’écrivain bourgeois, de la littérature bourgeoise, de la culture bourgeoise. Quand on dit « Ce n’est pas de la Littérature », on veut dire en réalité « Ce n’est pas de la littérature bourgeoise. » Fort heureusement, il existe tout un monde créatif fascinant en-dehors de ça.

Cela dit, on le voit bien, ces mots sont pollués par l’usage que l’on en fait. C’est pourquoi, à titre personnel, je préfère utiliser, dans le sillage de Pierre Desproges, le terme d’« écriveur », qui s’applique à toutes les personnes qui écrivent, quelle que soit la nature de leur production ou celle de leur activité. Toute personne qui écrit est une écriveuse ou un écriveur, qu’elle œuvre dans la littérature ou en-dehors, qu’elle soit publiée ou pas, qu’elle en tire un profit ou pas.

Si vous avez zéro lecteurs, vous n’êtes pas auteur

Moi, cette définition me convient très bien. Mais si vous tenez, par orgueil ou conviction, au statut d’auteur, et que vous souhaitez épousseter ce terme pour le débarrasser de son côté « lutte des classes », je suggère une définition minimale. On l’a vu, un auteur, c’est quelqu’un qui écrit de la fiction sans nécessairement en vivre. Autrefois, on aurait pu ajouter comme condition la nécessité d’être publié, mais l’autoédition a fait voler en éclats les vieilles définitions et aujourd’hui la frontière entre écrivains publiés ou non est poreuse.

Mieux vaut selon moi rajouter deux critères élémentaires. D’abord, la capacité de mener les projets à son terme : pour être écrivain, il aura fallu terminer au moins un roman, un essai, un mémoire, ou au moins une nouvelle, ou tout autre texte d’essence littéraire, pourvu qu’on le considère achevé et propre à être transmis à des lecteurs. D’ailleurs, j’écris « lecteurs » au pluriel, mais ça ne me paraît pas indispensable, et d’ailleurs ça serait pour moi le dernier critère : un auteur, pour mériter le label, doit avoir au moins un lecteur en-dehors de lui-même. Davantage, ça serait mieux, on est bien d’accord, mais si vous avez zéro lecteurs, vous n’êtes pas auteur : l’écriture littéraire n’existe pas en-dehors du couple auteur-lecteur, comme on aura l’occasion de le répéter ici.

Pour conclure, ma définition d’un auteur est la suivante : une personne qui a achevé la rédaction d’un texte de nature littéraire et qui l’a fait lire intégralement à au moins une personne en-dehors de lui-même.

Alors, vous en êtes ?

⏩ La semaine prochaine: Les trois types d’auteurs

Critique: « Le Prix » – Antoinette Rychner

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Ce sculpteur n’a qu’un rêve : obtenir le Prix, celui qui validera son talent, le fera éclater à la face du monde, lui procurera enfin cette consécration dont il rêve, la reconnaissance de ses pairs et la confirmation que tous ses efforts à suer dans son atelier n’ont pas été vains. En attendant, d’autres que lui obtiennent la récompense tant convoitée et tout n’est pour lui qu’obstacles sur le chemin qui mène au Prix : sa femme qu’il aime mais qui s’obstine à tout ramener au réel, son fils Mouflet à qui il ne trouve aucun intérêt, l’inspiration qui ne vient pas, et les autres artistes, coupables à ses yeux d’avoir trop de talent ou pas assez. Il s’entête et continue à produire ses « Ropf », des sculptures mi-vivantes, mi-artisanales qui poussent sur son nombril.

L’auteure nous propose de passer ce roman en compagnie d’un protagoniste pas franchement sympathique de premier abord : mesquin, égoïste, négligent, il est une pelote de paradoxes, convoite la reconnaissance d’autrui mais fuit tout contact social, crache à la figure de ceux dont il dépend, demande à être compris mais a si peu de compréhension à offrir en retour. Peu à peu pourtant, sa carapace se fendille et on se surprend à l’apprécier, malgré ses défauts, parce que le talent d’Antoinette Rychner nous le fait voir pour ce qu’il est : un humain, tout cassé en-dedans, mais capable de tendresse et d’éclairs de génie.

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On dit que si les gens savaient comment on fabrique les saucisses, ils n’en mangeraient plus. « Le Prix » fait le pari inverse. C’est un roman sur l’art qui nous en montre les aspects les moins séduisants : le travail, les échecs, les petites jalousies, les égos fragiles et tout l’édifice de hasard et de temps perdu qui fait que, parfois, quelque chose se produit qui nous bouleverse. A travers son personnage-sculpteur, l’auteure nous parle d’écriture, d’une manière parfois un peu démonstrative, mais avec tant de justesse qu’on se retrouve happé.

Grâce au don d’observation d’Antoinette Rychner, tous ces sentiments si familiers, tous ces thèmes que nous incarnons au quotidien – la frustration, le couple, l’ambition – sont dépeints si justement que ça a l’air simple (mais ça ne l’est pas). Pour nous faire partager l’univers mental du sculpteur, l’auteure fait le choix du réalisme magique et crée un univers situé à mi-chemin entre le fantastique et la métaphore, drôle et onirique, où la femme du sculpteur n’est décrite que par un vocabulaire maritime (extraordinaire scène d’accouchement !) et où les Ropf chantent pour ceux qui savent les percer à jour.

Ceci est un chef-d’œuvre.