Les critiques déménagent

petit truc copie

Evidemment, c’est plus comme avant. Une petite note pour mettre au courant celles et ceux qui le souhaiteraient que, sauf exception, je ne vais plus publier ici les critiques des livres que je lis. Sans doute trop longues et trop détaillées, voire hors-sujet, elles me prenaient trop de temps et n’intéressaient pas les lectrices et lecteurs de ce site. A la place, je vais rédiger des compte-rendus bien plus courts que je posterai directement sur Babelio.

Si, pour une raison ou pour une autre, vous souhaitez les lire, vous les trouverez ici. Le cas échéant, je dérogerai à cette règle dans des cas exceptionnels, pour parler des potes ou de projets singuliers. Ou alors je ferai tout le contraire de ce que j’annonce, vous savez comme je suis.

Le blurb

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En 1907, un humoriste américain nommé Gelett Burgess a signé une illustration sur la couverture d’un petit livre, représentant une jeune femme identifiée comme « Mademoiselle Belinda Blurb, en plein blurbage », surmontée par le titre « Oui, ceci est un blurb ! », et accompagné d’un bref résumé du contenu du bouquin.

Par un caprice de l’évolution du langage, ce qui n’était conçu que comme un gag absurde a accidentellement introduit un nouveau mot dans la langue anglaise, toujours si accueillante vis-à-vis des néologismes. Désormais, le mot blurb y désigne un texte de quatrième de couverture.

Comme je l’ai dit récemment sur ce site en évoquant le pitch, utiliser des anglicismes ne fait pas partie de mes habitudes. Je préfère généralement utiliser une traduction, quitte à l’inventer moi-même. Mais le mot « blurb » est amusant à lire et à dire, et il est encore plus rigolo quand on l’associe au mot « pitch ». Je n’y peux rien, je suis faible. Mais ne vous privez pas d’utiliser plutôt le terme correct, qui est tout simplement un « quatrième de couverture ».

Un blurb, c’est quoi ? C’est tout simplement un texte destiné à résumer un livre. Mais contrairement au synopsis, il s’agit d’un condensé beaucoup plus court et même lacunaire, comme on va s’en apercevoir. Et il n’a qu’une seule raison d’être, c’est de provoquer l’acte d’achat de la lectrice ou du lecteur potentiel qui tient le livre dans ses mains.

L’expression « quatrième de couverture » n’est pas très adaptée

Ici, je parle de livres en papier, déniché dans une librairie ou un salon, mais le blurb est également utilisé dans les plateformes de vente en ligne ou dans les sites d’évaluation de lectures comme Goodreads ou Babelio. Généralement, il s’agit exactement du même texte, qui fait donc double emploi. Ce qui, au passage, constitue une raison de plus d’utiliser le mot « blurb », parce que pour décrire un insert promotionnel aperçu sur un site web, l’expression « quatrième de couverture » n’est pas très adaptée, vous en conviendrez.

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Pour être réussi, un blurb doit être court, informatif et incitatif. Je vous propose de nous attarder sur chacun de ces aspects.

Pour commencer, bien sûr qu’il doit être court. Après tout, vous lisez un article d’une série consacrée aux différentes formes de résumés littéraires, donc forcément qu’à un moment ou à un autre, je vais vous suggérer de faire court. Cela dit, il y a plusieurs manières de s’y prendre. En l’occurrence, le blurb est un résumé de votre livre qui est plus long qu’un pitch ou qu’un concept, mais plus court qu’un synopsis. Il contient davantage d’informations que les premiers, mais moins que le dernier. Certaines informations ne doivent pas y figurer, comme par exemple la fin, ou tout coup de théâtre ou retournement de situation qui constitue une surprise pour le lecteur, à moins que cette surprise intervienne tout au début du récit et soit indispensable à la compréhension de l’intrigue. En règle générale, dites-vous que si un élément n’est pas indispensable à votre blurb, c’est qu’il est superflu.

Certains mensonges par omission sont possibles

Un blurb doit aussi être informatif. Après tout, il doit permettre au lecteur de choisir rapidement et en toute connaissance de cause s’il souhaite ou non acheter un roman. Oui, l’auteur va souhaiter que ce texte soit aussi séduisant que possible, mais il doit s’interdire toute forme de mensonge dans le but d’y arriver.

OK, ce n’est pas tout à fait vrai. Certains mensonges par omission sont possibles et probablement judicieux. Le simple fait de ne pas mentionner certains éléments-clés de votre histoire constitue, après tout, une forme de dissimulation. Donc ça, ne vous gênez pas de le faire.

Par contre, votre quatrième de couverture doit être absolument transparent en ce qui concerne le genre dans lequel s’inscrit l’histoire, le type de protagoniste, et se montrer fidèle au ton général du roman. Il s’agit ici d’honorer le contrat auteur-lecteurs, un principe moral selon lequel celui qui souhaite vendre un livre joue carte sur table avec le public, afin de lui permettre de se forger une première opinion. Pas question par exemple de vendre un thriller comme une romance, dans le but de racoler des lecteurs friands d’histoires d’amour. Ce genre de tromperie est un mauvais tour à jouer aux lecteurs, qui s’abstiendront ensuite de lire les romans d’un auteur qui les a trompés sur la marchandise.

Il existe de nombreuses manières de structurer un blurb, mais pour vous donner un point de repère, une structure simple et pratique à utiliser, essayez d’y intégrer obligatoirement les éléments ci-dessous. D’abord, proposez une introduction du personnage principal (ou des personnages principaux, s’ils ne sont pas trop nombreux).

Eroll Pulsar est le dernier survivant du peuple saint des Caïmans Rouges qui régnait autrefois sur l’Amas de Deneb.

Ensuite, évoquez les racines du conflit central, ou de la tension qui sert d’amorce à l’intrigue.

Sous les ordres de son rival, le Contre-Empereur Heinrik Zero, il est emprisonné pour un crime qu’il n’a pas commis et jeté dans une cellule d’Alphatraz, la prison située au cœur d’une supernova.

Enchaînez en évoquant les enjeux liés à ce conflit, enjeux externes pour commencer, mais il n’est pas exclu de mentionner aussi les enjeux internes s’ils sont pertinents.

Parviendra-t-il à s’évader à temps pour empêcher le despote de s’emparer de la Nef d’Antimatière, qui lui donnera le pouvoir de régner sans partage sur la galaxie ? Arrivera-t-il à découvrir ce qui est advenu de ses semblables, et à vaincre la culpabilité qui le tenaille ?

Enfin, expliquez au lecteur pourquoi ce livre est pour eux, pour quelle raison il est impensable qu’ils passent à côté :

Croisement entre Star Wars et les épopées de l’Antiquité, « Les Étoiles cruelles » est une fresque baroque et décadente qui déconstruit les codes du genre et les réinvente pour le 21e siècle.

Comme je l’ai dit, tout cela doit être incitatif, c’est-à-dire que ce petit texte, à lui seul, doit inspirer une envie irrésistible d’acheter le livre. On a incorporé cette dimension dans la dernière partie, mentionnée ci-dessous, mais elle doit être présente dans tout le texte. La première phrase de votre quatrième de couverture est à ce titre particulièrement importante, puisque c’est elle qui va déterminer si le lecteur potentiel poursuit ou non la lecture de votre résumé. Cette première phrase, soignez-la, rendez la passionnante, frappante, marrante, mémorable, débrouillez-vous comme vous voulez, mais elle mérite une attention particulière.

Une vengeance d’une telle intensité qu’elle pourrait déchirer la galaxie…

Si on met tout ça ensemble, ça donne ceci :

Une vengeance d’une telle intensité qu’elle pourrait déchirer la galaxie…

Eroll Pulsar est le dernier survivant du peuple saint des Caïmans Rouges qui régnait autrefois sur l’Amas de Deneb. Sous les ordres de son rival, le Contre-Empereur Heinrik Zero, il est emprisonné pour un crime qu’il n’a pas commis et jeté dans une cellule d’Alphatraz, la prison située au cœur d’une supernova.

Parviendra-t-il à s’évader à temps pour empêcher le despote de s’emparer de la Nef d’Antimatière, qui lui donnera le pouvoir de régner sans partage sur la galaxie ? Arrivera-t-il à découvrir ce qui est advenu de ses semblables, et à vaincre la culpabilité qui le tenaille ?

Croisement entre Star Wars et les épopées de l’Antiquité, « Les Étoiles cruelles » est une fresque baroque et décadente qui déconstruit les codes du genre et les réinvente pour le 21e siècle.

Ça vous donne envie de lire ce livre (qui n’existe pas), vous ? Peut-être pas. Peut-être que la space opera grandiloquente, ça n’est pas votre truc. Mais justement : le but du blurb n’est pas de plaire à tous les lecteurs. Il s’agit d’informer des gens qui existent déjà et qui, sans le savoir, seraient ravis de lire exactement ce genre de bouquin, que celui-ci existe, et que oui, il correspond à ce qu’ils ont toujours rêvé de lire. C’est un missile à tête chercheuse, dont la cible est un type de lectorat très spécifique : le vôtre.

Notez qu’ici, je vous ai présenté une architecture typique pour un blurb, mais que rien ne vous oblige à incorporer ces éléments dans cet ordre. Par exemple, rien ne vous interdit d’entamer la présentation par les enjeux :

Le commissaire Fouchard va-t-il se relever du scandale qui le frappe ?

Ou par un argumentaire :

Le conte du Vilain petit canard devient une romance lesbienne !

Et puis un blurb, ça a du style. Mais pas nécessairement celui que j’adopte depuis le début de cet article, celui de l’aboyeur public, ou du publicitaire sans scrupules, même si cette approche n’est pas inefficace. Une bonne manière de procéder consiste à tenter de coller aux partis-pris de votre roman, qu’ils soient esthétiques ou narratifs. Ainsi, si votre histoire est rédigée à la première personne, pourquoi ne pas faire de même en ce qui concerne le blurb, afin qu’il reflète immédiatement le ton qui va accompagner le lecteur ? Et si votre texte est marrant, émoustillant ou terrifiant, débrouillez-vous pour que le résumé le soit aussi, sans quoi vous risquez de manquer votre cible.

Pour finir, je mentionne encore le pari qui consiste à jeter tout ce que je viens de vous dire à la poubelle, pour partir dans une direction complètement différente. Certains auteurs, par exemple, choisissent, en guise de blurb, de reproduire en quatrième de couverture un extrait du roman particulièrement saisissant. D’autres y voient l’occasion de laisser parler d’autres voix et de citer des critiques. Il y a également l’option, rare mais précieuse, de proposer un texte complémentaire, qui évoque le ton du roman, sans nécessairement en faire partie ou évoquer son contenu. Je me permets ainsi, en guise d’illustration, de vous proposer l’intégralité du blurb du deuxième tome de « Fable », de Lucien Vuille, dont vous pouvez lire une critique ici. À noter que ce roman ne parle pas réellement de dragons. Pourtant, avouez que votre attention est titilléee…

« Jadis il y avait pléthore de ces reptiles géants amateurs d’or.

Aujourd’hui il ne reste plus guère

Qu’une petite dizaine de congénères

Dotés d’écailles de couleurs différentes.

Voici des indications, si la chasse vous tente :

Rouge comme le sang il somnole peut-être sous la Mare du Grand Flétan.

Bleu comme le ciel en été il se repose quelque part où je n’ai pas été.

Blanc comme un œuf frit mais sans le jaune,

Ceux qui le cherchaient dans la neige ont dit « j’abandonne. »

Vert comme un truc qui serait vert il dort sur un tas d’or dans la Cordillière.

Doré comme l’aiment les nains, il est apparu et avant que quiconque ne lui parle il a disparu.

Harmonieusement tacheté, il serait parti dans les Brumes

Si cela est vrai parlons de lui de manière posthume.

Mauve et orange il doit faire mal aux yeux, il a rejoint le Titan dans son repaire ténébreux.

Quant au huitième, le Dragoméléon, si on le voyait il n’aurait pas cette appellation. »

Vanelilily Le Roux, « Où trouver peut-être des dragons »

Pour soutenir un auteur, parlez de ses livres

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Le plus grand service qu’on peut rendre à un auteur dont on a apprécié les livres, c’est d’en parler autour de soi.

C’est une vérité qui concerne tous les écrivains, et en particulier les plus modestes, ceux qui ne peuvent pas bénéficier d’un énorme appareil marketing et qui doivent s’appuyer sur le bouche-à-oreilles et la bonne volonté de leurs lecteurs. Il n’y a que de cette manière que l’information se diffuse, que les curiosités s’éveillent, que ceux qui n’avaient pas entendu parler d’un roman peuvent y être sensibles, s’y plonger, et, peut-être, en parler à leur tour.

Il est précieux d’en parler dans son entourage, naturellement. Mais à notre époque, il est tout aussi important de le mentionner en ligne. Pour un auteur, par exemple, un avis sur Amazon vaut de l’or – et certaines promotions sur le site ne sont accessibles aux ouvrages que s’ils ont recueilli un certain nombre de critiques.

Pas besoin de grands discours: quelques mots peuvent suffire, comme on le voit dans l’illustration astucieusement placée ci-dessus. Cette petite attention, c’est quelque chose que tous les auteurs apprécient et qui a des effets mesurables sur le succès ou l’échec d’un roman.

Vous avez lu « La Mer des Secrets »? Si vous avez quelques minutes devant vous, je vous serais très reconnaissant de laisser un mot sur une ou plusieurs des plateformes suivantes:

Sur Amazon

Sur le site de l’éditeur

Sur Goodreads

Sur Babelio

Sur Booknode

Sur Livraddict

Naturellement, je prêche pour ma paroisse, mais si vous aimez les livres, il s’agit d’une excellente habitude à prendre en général, quel que soit l’autrice ou l’auteur.

Et puis, au delà de l’aspect promotionnel, pour un auteur, il est enrichissant d’avoir des retours de ses lecteurs, parce que cela ne peut que le motiver, et, en cas de critique, à le pousser à faire mieux la prochaine fois !