Avec des morceaux de fiction dedans

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Ceci est un blog qui s’intéresse à l’écriture en général, mais enfin, avec un titre comme « Le Fictionaute », personne ne s’étonnera qu’il se consacre principalement à la fiction, davantage qu’à, par exemple, l’écriture journalistique, publicitaire ou documentaire.

Du coup, il y a peut-être une question qu’on aurait dû se poser depuis le début : la fiction, c’est quoi ?

Félicitations, Alice, tu viens de te jeter dans le terrier du lapin blanc…

Si vous jetez un coup d’œil aux définitions, dans les dictionnaires et auprès des experts, vous vous apercevrez qu’elles convergent toutes vers une même conception : la fiction, c’est la nature d’une histoire qui se base davantage sur des faits réels que des faits imaginaires.

Voilà. C’est clair, net, précis. Quand c’est inventé, c’est de la fiction, quand ça ne l’est pas, on se situe ailleurs.

C’est faussement simple, cela dit : toute forme d’écriture comporte à la fois des faits et de la fiction. Lorsque vous vous mettez en tête de relater des faits d’actualité, ou de raconter une anecdote véritable qui vous est arrivée personnellement, vous allez, en composant votre texte, faire des choix de vocabulaire, éluder des détails, en mettre d’autres en avant, tant et si bien que votre récit, même s’il concerne le réel, comporte malgré tout une part de subjectivité, un regard, bref, un peu de fiction. Une autre personne qui choisirait de raconter les mêmes faits s’y prendrait à coup sûr de manière différente.

« Toutes les histoires sont vraies, et toutes les histoires sont fausses. »

A l’inverse, même un récit complètement fictif ne l’est jamais totalement, y compris ceux qui comportent des éléments fantastiques ou surnaturels. Pour écrire, un auteur se base en grande partie sur son vécu, sur la nature de l’être humain, de ses dilemmes et de ses conflits, tels qu’ils existent dans la vie réelle, sans compter qu’à moins de s’affranchir totalement de la réalité telle que nous la connaissons, toute histoire se situe dans le temps, dans l’espace et obéit à une bonne partie des lois de la physique. En deux mots : un récit fictif comprend tout de même une bonne dose de réalité.

On le voit bien : la frontière entre fiction et réel n’est pas nette, elle est floue et fluctuante.

D’une certaine manière, on peut affirmer que deux principes sont toujours valables : toutes les histoires sont vraies, et toutes les histoires sont fausses.

Toutes les histoires sont vraies parce que, même sous un vernis fantasmagorique, elles ne parlent que d’une seule chose : ce que c’est d’être un humain et de vivre au milieu d’autres humains. Même les lecteurs qui disent éprouver des difficultés face à la littérature de genre, arguant qu’ils n’aiment pas les histoires qui « ne sont pas vraies », doivent admettre que les sentiments ressentis, les émotions exprimés, les conflits qui y sont mis en scène sont tout simplement ceux de la vie de tous les jours, masqués derrière des conventions différentes, mais clairement identifiables malgré tout.

« La littérature n’est pas une évasion, c’est une exploration spéléologique. »

Toutes les histoires sont fausses parce que, même si tous les faits relatés sont rigoureusement exacts, il ne s’agit jamais que d’une recréation, partielle et subjective. La réalité, après tout, n’est pas une succession de mots sur du papier (pour autant que l’on sache). Même les mots que nous utilisons – chacun d’entre eux – sont empruntés à d’autres et comportent leur lot de connotations et d’ambiguïtés. Tout ce que l’écriture permet, c’est de s’approcher du réel, de l’imiter, sans jamais se confondre avec lui.

Au fond, on le comprend bien, la fiction n’est pas du tout le contraire du réel : elle est l’instrument avec lequel nous appréhendons le réel. Ce que nous percevons de la réalité n’est rien d’autre qu’une série de petites histoires que nous nous racontons dans notre tête et auxquelles nous choisissons de croire.

La littérature n’est pas une évasion : au contraire, c’est une exploration spéléologique, qui nous fait descendre au plus profond de la réalité. Les personnes qui choisissent d’écrire ne fuient pas, elles ont avec le réel un rapport plus intime que la plupart des gens. A moins qu’il ne s’agisse d’une histoire de plus, à laquelle nous choisissons de croire…

6 réflexions sur “Avec des morceaux de fiction dedans

  1. C’est exactement pour ça que je grince des dents face aux gens qui me disent : « ah mais moi je ne lis que des histoires vraies ». C’est si naïf ! Tous ces biopics au cinéma, toutes ces autobiographies dans les librairies : tout ça est aussi vrai que faux. Changez le réalisateur, sous-traitez la rédaction, et le récit n’est plus le même.
    C’est peut-être pour cela que je préfère l’honnêteté des littératures de l’imaginaire : elles ne prétendent pas que l’histoire s’est véritablement passée telle qu’elle est racontée. Là au moins les histoires assument ce qu’elles sont : des histoires.
    😊

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  2. c’est bien dit même si je ne suis pas fan de la SFFF, je préfère les histoires contemporaines qui parlent vraiment du quotidien et en autre histoire je préfère les polars et thrillers dont il y a aussi de la fiction mais basé sur la réalité, notre réalité dont je m’intéresse aussi à la criminologie et oui comprendre les psychopathes et criminels m’intéressent aussi comme aussi j’aime lire des livres de témoignage et des essais et là on dépasse la fiction

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