La structure d’un roman: le paragraphe

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Si un chapitre constitue la principale unité dramatique d’un roman, un paragraphe en représente l’unité d’information : chaque paragraphe sert à relater un seul événement, une seule action, à discuter d’un seul sujet.

Savoir où commencer et où arrêter un paragraphe, c’est essentiel pour que la lecture soit claire et agréable. C’est grâce aux paragraphes que les intentions de l’auteur deviennent limpides, que le découpage des événements prend tout son sens, que les unités de temps et de lieux sont exprimées de manière satisfaisante. Un texte dont les paragraphes sont trop longs ou trop courts fait courir le risque d’une lecture confuse et désagréable. En deux mots : si l’auteur a les idées claires, ses paragraphes seront bien agencés.

C’est un groupement de plusieurs phrases, mais pas n’importe lesquelles

Un paragraphe, pour le dire aussi bêtement que possible, c’est un groupement de plusieurs phrases. Mais pas n’importe lesquelles. En se penchant de plus près sur sa construction, on réalise qu’il est en réalité composé de trois types de phrases : une phrase-sujet, une ou plusieurs phrases de connexion, et des phrases de soutien.

La phrase-sujet, c’est celle qui exprime l’idée maîtresse du paragraphe, qui va être évoquée dans les autres phrases. C’est celle qui donne le ton et qui contient les principales informations que le lecteur va retenir. Si l’on ne devait en garder qu’une, ça serait celle-là.

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Les phrases de connexion sont celles qui font le lien avec le paragraphe qui précède et celui qui suit, soit en faisant écho aux thèmes et élément d’intrigues qui précèdent, soit en introduisant un élément de suspense qui appelle à une suite. Le bon paragraphe, après tout, c’est celui qui donne envie de lire le paragraphe suivant. Dans cette perspective, c’est presque toujours la phrase finale du paragraphe qui fait office de phrase de connexion, même si dans certains cas, un auteur peut également souhaiter en placer une en début de paragraphe.

Les phrases de soutien sont toutes les autres. Elles complètent l’idée de la phrase-sujet, prolongent l’action, ajoutent des détails, nous renseignent sur l’état d’esprit des personnages ou contiennent toute autre information nécessaires à la bonne compréhension du paragraphe.

Prenons le paragraphe suivant en guise d’exemple :

Les affaires courantes allaient devoir attendre… Déterminé, le commissaire se rendit sur la scène de crime. Dans le couloir qui y menait, il croisa des agents à la mine grave, qui évitèrent son regard. Il constata que la porte de l’appartement était défoncée, les gonds explosés, des éclaboussures de sang visibles autour de la serrure. Il hésita avant d’entrer, redoutant ce qu’il allait y trouver.

La phrase-sujet, c’est la deuxième : « Déterminé, le commissaire se rendit sur la scène de crime. » Elle dit l’essentiel et toutes les autres ne font que rajouter des détails. Comme il se doit, elle mentionne le personnage qui agit dans le paragraphe et décrit ce qu’il fait.

Les phrases numéro 3 et 4 sont les phrases de soutien. La phrase 3 est là pour poser l’ambiance, la suivante pour ajouter des éléments de description.

Enfin, le paragraphe commence et s’achève par des phrases de connexion. La première, on le devine, fait écho à ce qui précède dans le livre, et fait comprendre au lecteur que nous arrivons à un point de rupture dans la routine du personnage. La dernière introduit un élément de suspense, appelant le lecteur à se poser des questions sur ce que le commissaire va découvrir dans la pièce, ce qui, à n’en pas douter, serait le sujet des paragraphes suivants.

 

A quoi est-ce que ça peut bien servir de savoir tout ça ? Pas à écrire, c’est sûr. Pendant l’écriture, il est inutile de s’encombrer la tête de ce genre de détails. Par contre, à la relecture, avoir les idées claires au sujet du rôle structurel du paragraphe peut faire gagner du temps et permet d’opérer les bons choix.

Un paragraphe existe également visuellement sur la page

 

Savoir repérer la phrase-sujet et les phrases de soutien, par exemple, est précieux pour qui souhaite raccourcir un texte ou éliminer les lourdeurs. Cela permet de préserver l’essentiel (la phrase-sujet) et d’éliminer en priorité le gras du paragraphe, soit les phrases de soutien.

C’est utile, parce qu’un paragraphe existe également visuellement sur la page : s’il est long, il peut rebuter le lecteur. En réduire la taille peut constituer un objectif de relecture qui peut faire toute la différence. Si votre paragraphe fait plus de cinq phrases, il est probablement trop long.

 

Autre point de repère : si on découvre que deux, voire trois phrases peuvent être identifiées comme des phrases-sujet au sein d’un même paragraphe, c’est signe qu’il serait bien venu de séparer chacune d’entre elle dans un paragraphe distinct. Cela permet là aussi de raccourcir les gros pavés de texte.

On peut laisser une seule phrase exister pour elle-même

De même, si la lecture paraît hachée, que les paragraphes semblent juste posés là, sans vie ni mouvement vers l’avant qui appelle le lecteur à découvrir ce qui suit, c’est sans doute qu’il manque des phrases de connexion et qu’il pourrait être utile d’en rajouter quelques-unes à des emplacements-clé.

Encore un mot d’une technique qui fonctionne : celle du mini-paragraphe. On laisse une seule phrase exister pour elle-même, entre deux blocs de texte. Cela oblige le lecteur à lui consacrer davantage d’attention, à s’arrêter un peu plus longtemps sur elle, ce qui permet de mettre de l’emphase sur cette phrase. Cette technique est parfaite pour souligner un moment de surprise, une prise de conscience ou une révélation qui s’impose à la conscience du personnage.

Atelier : les sauts de paragraphe donnent du rythme à un texte. Reprenez un passage que vous avez écrit, en essayant d’abord de le modifier pour que les paragraphes soient le plus court possibles, puis faites l’exercice inverse en faisant en sorte qu’ils soient aussi longs que possible. Constatez comme le rythme de la lecture est différent, et amusez-vous à en jouer la prochaine fois que vous écrirez.

📖 La semaine prochaine: les phrases

17 réflexions sur “La structure d’un roman: le paragraphe

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  3. Article vraiment intéressant !
    Je n’avais jamais pris le temps de m’attarder sur la construction d’un paragraphe jusqu’à maintenant mais cela me parait parfaitement logique et cohérent. Je pense qu’effectivement je me servirai de cette technique pour relire mes textes !
    Merci pour cet article 🙂

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