Le piège du mystère

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Honnêtement, je trouve que « Le piège du mystère », pour un titre d’article sur l’écriture, ça claque, si je peux me permettre de le dire moi-même. Je suis content que ça soit l’intitulé du 150e billet qui paraît sur ce blog.

Sauf que c’est sans doute un poil trompeur. Celles et ceux qui s’imaginent déjà un whodunit à la Agatha Christie, sur la base de ces mots, vont être déçus. Plus modestement, il s’agit ici de se faire l’avocat de la lucidité. En deux mots, écrire, ça donne de meilleurs résultats si on le fait les yeux ouverts.

Ça parait aller de soi, mais en réalité, pas tant que ça. Comme les articles précédents de la série l’ont démontré, il peut arriver à toutes les autrices et tous les auteurs de tomber dans des ornières, de subir sans s’en rendre compte toutes sortes d’influences dont ils ne mesurent pas toujours l’effet qu’elles peuvent exercer sur leur écriture.

Tout le monde, y compris, il faut le souligner parce que c’est paradoxal, celles et ceux qui rejettent toute forme d’influence sur leur plume.

Depuis que j’ai lancé ce blog, il m’est arrivé quelque fois, dans le monde réel ou sur les réseaux, de me trouver en présence d’individus qui réagissent avec la plus grande vigueur à l’idée même que quelqu’un puisse émettre des conseils d’écriture. Ils ne formulaient pas de critiques sur mes billets, ils ne remettaient pas en cause ma légitimité (et pourtant, il y a des choses à dire dans ce domaine). Leur objection était plus fondamentale : selon eux, suggérer à autrui une approche ou une piste pour construire un texte littéraire constituait une intolérable intrusion.

Comment l’existence-même de conseils d’écriture peut être vécue comme blessante ?

J’avoue que ça m’a désarçonné. En partie, la virulence de certaines réactions m’a semblé inattendue. Le simple fait d’évoquer un outil aussi banal que le plan pour écrire un roman peut parfois se heurter à des répliques au ton colérique : « Laissez-nous tranquilles ! Vous n’avez pas bientôt fini de dire aux autres comment il faut écrire ? » On a dit de moi que j’étais « élitiste », on m’a traité de « dictateur », tout cela à cause de mes petits billets.

Tant mieux : toutes les critiques sont bonnes à prendre. Je suis devenu plus vigilant qu’auparavant à la manière dont je formule mes conseils, et je tente d’éviter tout dogmatisme. Mais je suis resté intrigué par l’aspect hautement émotionnel de ces réponses. Comment l’existence-même de conseils d’écriture peut être vécue comme blessante ?

En poursuivant mes investigations, j’ai découvert que pour certaines personnes, le fait d’écrire représente une île dans leur vie. Elles perçoivent l’écriture comme quelque chose de singulier, et même de magique, qui tranche avec la réalité souvent décevante de leur quotidien. En écrivant, ces personnes se sentent réellement elles-mêmes. Elles bénéficient d’une liberté dont leur vie de tous les jours est avare. Bref, prendre la plume leur apporte de la joie, ainsi qu’un refuge, et elles sont sur la défensive lorsqu’elles ont l’impression que celui-ci est menacé. Autant de sentiments qu’on ne peut que comprendre.

Pour eux, au cœur de la littérature, il y a un mystère

Pour certains de ces auteurs, le simple fait de chercher à comprendre comment fonctionne l’écriture, d’adopter une posture analytique, peut être perçu comme une attaque. Les mots, tels qu’ils les vivent, sont si personnels, si précieux, qu’ils ont l’impression qu’en en désassemblant les rouages, on en briserait la magie. En deux mots : pour eux, au cœur de la littérature, il y a un mystère, et c’est lui qui sert de moteur à la créativité.

Respectueusement, je ne suis pas d’accord.

Il y a des milliers d’approches différentes qui fonctionnent en littérature (et des millions qui ne fonctionnent pas), donc oui, l’idée d’en présenter une comme la seule valable serait risible. Cela dit, l’écriture, comme tous les arts, repose sur des techniques (le mot « art » lui-même signifie « technique »), sur des méthodes, héritées de la pratique et qui ont fait leurs preuves. Elles ne sont pas différentes des règles sur la perspective, en dessin, ou du solfège, en musique. Rien de tout cela ne menace la singularité d’une démarche artistique : au contraire, cela y contribue.

Libre à chacun de prendre ses distances avec elles, de les violer, de les malmener, de les réinterpréter, mais le faire en connaissance de cause est plus facile bien plus fructueux. Construire une intrigue, bâtir un personnage attachant, mettre en place le suspense, entrelacer un thème dans une œuvre littéraire : tout cela est complexe, et il y a tout à gagner à s’appuyer sur l’expérience de celles et ceux qui en sont déjà passés par là pour éviter de subir les mêmes difficultés qu’eux.

Ils ne savent pas comment ils créent et ne veulent pas le savoir

On retrouve d’ailleurs le même goût pour le mystère chez les auteurs qui prétendent que leurs personnages sont dotés d’une vie propre, que ce sont eux qui influencent le récit et qu’ils ne peuvent que se plier à leur volonté (« Oh non, Duncan a soudain décidé de devenir maître-nageur ! »).

Cela va de soi, et les écrivains en question l’admettraient certainement : ces personnages n’existent que dans leur tête, et leur prétendu processus de décision est indissociable de celui de l’auteur qui leur donne vie. Mais en faisant mine que les personnages sont dotés de libre arbitre, ils dressent un paravent qui les empêche de se pencher sur leur propre processus créatif et sur la manière dont celui-ci fonctionne ou ne fonctionne pas. Ils ne savent pas comment ils créent et ne veulent pas le savoir.

L’aveuglement ne sert à rien. Écrire, c’est plus facile quand on sait ce que l’on fait. Et oui, il est possible de progresser, de devenir meilleur et donc de mieux exprimer sa singularité artistique, en s’appuyant sur l’expérience d’autres auteurs, et sans rien perdre au passage. Le piège du mystère, celui qui consiste à penser que l’ignorance vaut mieux que la connaissance, constitue une impasse.

40 réflexions sur “Le piège du mystère

  1. Merci pour cet article, plein de finesse et d’élégance. De mon côté, je pense qu’on a tous à gagner à échanger sur nos façons de faire. Quelles que soient les progrès que l’on fasse dans la connaissance du processus, il restera toujours une part de mystère dans la façon dont l’imaginaire se construit, et c’est ça qui est chouette.

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    • Oui, le mystère, selon moi, il est dans l’inspiration, dans l’origine des idées. Le piège du mystère, par contre, c’est de croire que cet aspect mystérieux s’étend également au processus d’écriture en lui-même.

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  2. Je n’avais jamais imaginé que la colère des auteurs « anti règles » puisse trouver son origine dans l’impression de perdre sa liberté – c’est une théorie intéressante, qui possède peut-être bien une part de vérité. Mon ressenti personnel est que cette réaction agressive vient essentiellement de la peur – celle de voir les règles d’écriture « invalider » leur travail, quelque part, et par ego les invalider eux-mêmes. Et c’est quelque chose qu’on retrouve tous les jours sur les réseaux sociaux, y compris chez celles et ceux qui posent des questions et viennent soi-disant « chercher conseil » : ce ne sont pas des conseils qu’ils cherchent, mais une validation de leur travail. Tous ces gens sont obnubilés par eux-mêmes et leur statut d’auteur (« suis-je vraiment un auteur ? », blablabla). Peu sont vraiment intéressés par le fait d’écrire un *bon* texte à la façon d’un artisan juste pour la satisfaction de faire du *bon* travail.

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    • C’est incompréhensible pour moi : tu écris, et ensuite tu laisses le résultat parler de lui-même. C’est simple. Qu’est-ce qu’on peut bien vouloir rajouter à ça ? Si le fait de s’exposer au risque d’être démasqué comme un auteur médiocre est si traumatisant, pourquoi écrire ? Ça me dépasse.

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  3. Bonjour, je vois ce que vous voulez dire par rapport au côté « artisanal » de l’écriture, qui ne peut se départir de « techniques ». Pourtant, je tique un peu sur vos explications un peu rapides sur la vie des personnages. Bien sûr qu’ils n’existent que dans la tête de leur créateur (puis des lecteurs si ça fonctionne), mais d’une certaine manière, on peut pourtant dire qu’ils ont une vie propre. S’ils fonctionnent bien, s’ils sont bien pensés, leurs actions deviennent si évidentes et logiques qu’elles relèvent presque de leur libre-arbitre… pour ma part, j’ai parfois l’impression, quand tous les éléments sont bien en place, que c’est l’histoire qui avance un peu toute seule (ce qui ne veut pas dire que je ne retouche pas ensuite), et que d’ailleurs, si je veux forcer dans une direction qui ne convient pas aux personnages (pas que je leur demande, mais que ça ne colle pas à leur « tonalité » -je ne sais pas le dire mieux) eh bien ensuite, l’histoire ne fonctionne pas.

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    • Oui, il est tout à fait possible de voir les personnages comme des entités autonomes : la preuve, de nombreux auteurs le font. Mais, et c’est mon argument, en cultivant cette fiction, on évite de s’interroger aux véritables mécanismes qui mènent à la prise de décision dans notre processus créatif.

      Si un pilote de Formule 1 jure que son succès est entièrement dû à l' »âme » de sa voiture, c’est bien sûr son droit, mais il risque, en adhérant à ce point de vue, de négliger des aspects techniques plus concrets de sa discipline, et ainsi de ne pas progresser autant qu’il le pourrait.

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  4. C’est comme en peinture. Il y a les peintres qui travaillent avec les couleurs telles quelles sorties du tube, et ceux qui préparent longuement leur palette avant de commencer à peindre. Et puis il y a ceux qui peuvent se permettre d’utiliser les huiles comme elles leur tombent sous la main, parce qu’ils ont passé tellement d’heures sur la question que la chromatologie n’a plus aucun secret pour eux. On ne construit pas un moteur sans étudier un minimum de théorie de la mécanique ni observer le fonctionnement d’un modèle en marche.

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  5. Sur les personnages, le facteur clé c’est la cohérence. Tant qu’on n’a pas mis ses personnages à l’épreuve et qu’ils vivent dans notre tête, on peut leur faire faire ce qu’on a envie. Mais lorsqu’on les fixe sur un support quelconque, papier ou clavier, et qu’ils acquièrent un peu de densité, on met le doigt sur ce qui est cohérent ou pas de leur faire vivre et dire en fonction de la personnalité dont on les a dotés. Le personnage ne vit pas vraiment sa vie propre. Mais quelqu’un en nous sait quand ça marche et quand ça ne marche pas. Si ça ne marche pas, si le récit refuse de se plier à ce qu’on avait prévu, c’est parce qu’on n’a pas suffisamment approfondi la question. Il faut soit revenir en arrière soit modifier nos prévisions.

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  6. Je pense que le seul personnage qui n’en fait vraiment qu’a sa tête en littérature c’est le lecteur.

    La preuve : Le nombre d’écrivain incompris sur lequel le sort s’acharne.

    Ils rédigent pourtant, à les entendre, des œuvres majeures qui vont révolutionner l’histoire de la narration. Ils cassent les codes. Font de l’art de façon indicible. Repoussent, sans les connaître, toutes les limites.

    Mais les lecteurs, ces idiots, n’ont rien compris. Ou alors, les seuls lecteurs valable ne savent pas comment découvrir les chef d’œuvre de ces artistes maudits.

    Conseil : Tous les actes d’amour se font à deux. La littérature ne fait pas exception à la règle.

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  7. J’avais l’intention de ne laisser aucun commentaire mais comme j’ai vu que dans votre bilan vous regrettiez qu’il n’y ait plus de débat sur votre blog, je vais en lancer un. Vous oubliez un élément important : ces règles ne s’appliquent qu’à la littérature de genre. Elles ne s’appliquent ni aux classiques (où les auteurs inventaient leurs propres règles — hormis pour le théâtre ou la poésie bien entendu) ni à la littérature blanche, où la seule règle qui s’applique est que la fin doit être tragique (à quelques exceptions près).
    Du coup vous m’avez donné très envie de publier sur mon blog un article que j’ai préparé sur « Proust fait tout ce qu’il ne faut pas faire » (j’aurais pu écrire le même article sur Stendhal mais là je suis dans ma période Proust).

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    • Merci beaucoup pour ce commentaire !
      Je suis en profond désaccord. Il n’y a qu’une seule littérature, quels que soient les labels qu’on souhaite y accoler, pas deux littératures qui obéissent à des règles différentes. Proust faisait ce qu’il voulait parce qu’il connaissait les règles de la narration et qu’il avait du talent.

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      • Pour le talent de Proust, évidemment que je suis d’accord. Pour sa connaissance des règles de la narration je suis perplexe : lesquelles ? Pour les genres dans la littérature, les éditeurs font ces distinctions, les libraires aussi, les auteurs eux-même (combien mettent qu’ils sont auteurs/autrices de SFFF dans leur bio Twitter ?)

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      • Lesquelles ? Eh bien la construction d’une intrigue, les enjeux, l’exposition, les dialogues, ce que c’est qu’un personnage, le suspense, les thèmes, la focalisation, les temps du récit, le découpage en paragraphes ou en chapitres, etc… Ça n’a rien à voir avec des aspects promotionnels ou éditoriaux, c’est le solfège de la littérature et je peux garantir que Marcel Proust n’en ignorait absolument rien.

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    • C’est exact. Penser que Marcel Proust était une sorte d’idiot savant qui ignorait tout de la littérature et qui a écrit des chefs-d’œuvre à l’instinct sans aucune démarche intellectuelle me semble tout bonnement impossible à défendre. Cela dit, son œuvre a été très exhaustivement analysée et qui sait, peut-être que le consensus des spécialistes me donne tort.

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  8. Effectivement Proust est un érudit qui a décidé d’ignorer les conseils d’écriture de son époque. Mais c’est moins cet aspect qui m’intéresse que les méthodes d’écritures actuelles qui conseillent l’exact opposé de ce que faisait Proust (sur la mise en danger, l’enjeu fort, sur le Show don’t tell…). C’est plutôt ça qui me turlupine.

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    • Je pense que ça tient à deux facteurs: premièrement, il est possible de s’éloigner de certaines des règles de la littérature quand on sait exactement ce qu’on fait, mais ça n’est pas le cas de la majorité des auteurs. Deuxièmement, la littérature a changé en plus d’un siècle.

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      • L’important n’est pas tant que la littérature a changé, mais bel est bien que les lecteurs ont changé.
        Les belles œuvres du passé ne présentent aujourd’hui que peu d’intérêt pour des lecteurs connecté à l’intelligence collective que représente internet.

        Un exemple : Quel lecteur du « trône de fer » pourrait apprécier l’action lente et rébarbative du « seigneur des anneaux » ?

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      • Pour autant les classiques continuent de se vendre comme des petits pains. Que ce soit le Seigneur des anneaux, Proust, Stendhal, Flaubert, Dumas… Ils sont toujours lu un siècle ou deux après leur parution. Est-ce que le Trône de Fer sera encore lu dans un siècle ? (je ne l’ai pas lu, je ne juge pas de sa qualité mais plutôt de sa postérité à venir).

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      • Rare, oui. Mais il y a quelques chefs d’œuvre inachevés : Le Premier Homme de Camus (rare exemple d’un premier jet magnifique), Lucien Leuwen et Lamiel de Stendhal, ainsi que ses œuvres autobiographiques (Vie de Henri Brulard).

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      • J’avoue que je trouve l’observation étrange. On sait deux choses au sujet des lecteurs du « Trône de fer »: ils aiment les sagas de fantasy au long cours et ils sont patients. La plupart d’entre eux apprécieraient, et dans les faits, apprécient, « Le Seigneur des Anneaux. » Le succès des classiques de la littérature, d’ailleurs, ne fléchit pas.

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      • Je n’ai pas dénigré les qualités du « seigneur des anneaux » ou même de la littérature classique. Je sais que la littérature classique a ses amateurs et j’en fait même partie.
        Mais si j’écris aujourd’hui, je le fait pour des lecteurs dont les critères d’exigence ont changés. Des lecteurs qui plébiscitent le trône de fer qui est une sorte de « game changer » qui aujourd’hui formatte les attentes et exigences du public.
        Si vous écrivez du Tolkien aujourd’hui, votre travail ne sera pas considéré comme bon. Le manque de personnages féminins, la scénarisation qui ne respecte pas bien la chronologie de l’histoire, les digressions destinées à étoffer le monde mais qui ne servent pas l’histoire, sont des erreurs qui ne vous seront plus pardonnées.

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  9. Oui, effectivement, la littérature a changé. Et il serait inutile de « refaire » du Proust (si tant est que ce soit possible). Mais pour la littérature contemporaine, en tant que lectrice, je préfère ceux ont décidé d’ignorer les règles. Ils offrent plus d’inattendu. Idem pour le cinéma d’ailleurs.

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    • C’est faux, mais il serait trop long d’argumenter vraiment sur ce sujet.

      Les bons auteurs n’ignorent pas les règles. L’ignorance est loin d’être une garantie d’originalité ou d’intérêt pour le lecteur.

      Les bons écrivains contournent les règles. Et ceci pour une bonne raison : surprendre le lecteur.

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  11. C’est étonnant qu’en littérature on ait tant de mal à reconnaitre l’importance des méthodes, des techniques, bref de choses très concrètes, alors qu’on en parle sans mal pour les autres formes d’art. Même au cinéma, on a du mal à toucher au scénario alors qu’on critique sans mal la réalisation, le jeu des acteur.ice.s, les lumières. Comme si raconter une histoire était vraiment quelque chose de magique. Et j’ai aussi l’impression que c’est très français, les Américains ont moins de scrupule que nous à décortiquer les phénomènes de narration. Pourtant, c’est fascinant de voir comment on écrit, comment les histoires se construisent et les éléments fonctionnent les uns avec les autres (personnages, monde, thèmes, intrigues…), et toute cette connaissance permet de mieux briser les règles. Et ça n’enlève rien à la magie de l’écriture, au contraire : c’est beau de voir comment les choses sont faites, ça leur donne une nouvelle dimension.
    Bref, super article ^^

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    • Merci beaucoup pour ce commentaire !

      J’ai la conviction que l’idée, effectivement très française, qu’il existe une Culture (avec une majuscule), et donc un Art et une Littérature, et que ces choses-là sont très sérieuses et très importantes, a amené à sacraliser ces disciplines, et paradoxalement, à les éloigner de l’humain. Comme tu le dis, il n’y a rien à perdre à s’intéresser à la manière dont les choses sont faites.

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  12. Merci Julien pour cet article. Je partage complètement de ton avis !

    Je ne comprends pas ces personnes qui perdent leur temps à venir sur un blog comme le tien pour critiquer… Ils n’ont qu’à passer leur chemin en fait !
    Soit. Je pense que beaucoup d’auteurs/autrices écrivent de façon « viscérale » sans plan, sans réfléchir. Et c’est très bien. Mais dans ce cas, il est fort probable que leur texte ne soit pas destiné à un public lambda voire à un public tout court. Tout dépend évidemment du genre dans lequel on écrit, mais il y a de mon point de vue, certaines règles à respecter pour mettre toutes les chances de son côté si on veut que son roman ait du succès. Après, il y aura toujours une part de « mystère », d’inconnu… et il y aura toujours des exceptions à la « règle »… 😉

    Concernant les personnages « qui ont leur propre vie » et « décident eux-même de la suite du récit » sans l’accord de l’auteur… J’avoue n’avoir jamais compris cet argument. Et je ne le comprends pas toujours pas. Si quelqu’un peut éclairer ma lanterne ? ^^
    Si il m’est arrivé d’écrire des fictions en supprimant des passages car « pas conforme à la personnalité de mon héro »… Jamais une scène/idée ne s’est écrite toute seule malgré moi ^^ (et parfois j’aimerais bien !).

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    • Oh oui, moi aussi, j’aimerais bien que des entités virtuelles fassent le boulot à ma place !

      Juste une petite mise au point: si ma démarche a fait l’objet de critique, c’était principalement sur les réseaux, pas tellement sur le blog lui-même, encore qu’en ce qui me concerne, ça ne me dérange pas qu’on vienne jusqu’ici me dire mes quatre vérités.

      Un grand merci pour ce commentaire !

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  13. Merci pour ce très bon article ! Au-delà du fait que c’est complètement irrespectueux de venir sur un blog dans le seul but de critiquer le travail d’autrui, je ne comprendrai jamais les personnes qui rejettent toute forme d’enseignement de l’écriture. J’adore la cuisine et je fais souvent des comparaisons avec l’écriture. C’est comme si on dénigrait un grand chef étoilé parce qu’il a fait l’école hôtelière et qu’en même temps, on encensait un inconnu sans aucune formation en cuisine mais qui, sur un coup de chance, a inventé un plat délicieux… Le résultat peut être excellent dans les deux cas, mais pourquoi critiquer celui qui a appris les techniques de base ?

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    • Merci à toi !

      Comme je l’ai dit à Alice plus haut, j’ai principalement reçu des critiques sur les réseaux, pas tellement sur le blog (et les critiques ne me dérangent pas, de toute manière).

      Effectivement, je suis bien d’accord avec toi, la preuve du pudding est dans la dégustation, et finalement on se fiche un peu de la recette si le résultat est bon.

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  16. Sans doute un des billets les plus passionnants de ce blog (j’inclus les commentaires).

    L’écriture est quelque chose d’accessible à tout un chacun, tes détracteurs sont montés sur leurs grands chevaux pour rien. Qu’ils scribouillent à leur façon, puisque ça leur chante! Ils ont le droit de ne pas tenir compte de ce que tu leur dis. Après tout, les règles d’écriture ne sont indispensables qu’à ceux qui souhaitent que leurs écrits ne soient pas vains.
    J’ai nommé : les écrivains (sapiens sapiens)
    Quant aux génies, leur ignorance des règles n’est qu’une feinte, j’en suis tout aussi convaincu que toi, Julien. Ils et elles choisissent simplement de ne pas les suivre.

    Alors, oui, bien sûr, on peut écrire de belles choses par hasard, le faire pour soi, sans se soucier des convenances, en dilettante.
    Mais je préfère l’artisanat dont parle Stéphane Arnier, parce qu’une fois les règles intégrées, c’est possible de produire de bons textes en toute conscience. Originaux pas forcement, mais bon c’est certain.

    L’artisan comme le dilettante peuvent faire du pudding mangeable. L’un y arrive presque toujours, l’autre n’y parvient qu’occasionnellement et par hasard.
    Quant à ce pudding à la framboise de génie, d’accord le poivron* qu’on y a ajouté ne figure pas dans le manuel, mais il n’est excellent que parce que le reste de la recette est maîtrisée.
    Pardon pour cette métaphore culinaire un peu réchauffée.

    *poivron et framboise vont bien ensemble, ceci n’est pas une totale invention de ma part. À tester, éventuellement sur un pudding…

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    • Merci, ton commentaire a aiguisé mon appétit ! Et je me battrai toujours pour l’idée que l’écriture est quelque chose qui s’apprend, pas un tatonnement continuel ou chacun redécouvre la littérature seul dans son coin.

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