Critique: Star Wars – Bloodline

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Six ans avant Le Réveil de la Force, la princesse Leia Organa est sénatrice de la Nouvelle République. Découragée par une arène politique figée dans les lenteurs et les querelles stériles, elle envisage de mettre un terme à sa carrière. Une investigation au sujet d’un réseau criminel va la mener à se poser des questions sur ses alliés et sur le fonctionnement des institutions qu’elle a juré de servir.

Titre : Star Wars : Bloodline

Auteur : Claudia Gray

Éditeur : Del Rey (ebook)

Emballé par « Les derniers Jedi » et me retrouvant justement entre deux lectures, j’ai eu envie, pour la première fois depuis des années, de prolonger le film en me plongeant dans un roman Star Wars. J’ai choisi celui-ci parce qu’il semblait se suffire à lui-même et que les critiques n’étaient pas mauvaises.

« Bloodline » est un roman de commande tout à fait correct, plutôt bien construit, correctement écrit et qui fait de son mieux pour proposer une histoire et une approche thématique cohérente, malgré les impératifs qu’on devine délicats à négocier de ce genre d’exercice.

Le personnage de Leia, autour duquel le roman tourne, est un protagoniste convaincant, remarquablement proche de son incarnation au cinéma, tout en refusant de s’y cantonner. On s’attache à ses aventures et la manière dont l’auteure lui donne de la vie est une des réussites du roman. Par bien des aspects, l’intrigue politique dans laquelle elle se retrouve empêtrée n’est pas sans rappeler la Prélogie Star Wars, mais démontre qu’il est tout à fait possible de bâtir une histoire cohérente dans ce genre de milieu.

Les autres personnages récurrents de la saga qui font des apparitions dans le roman sont rares, et leur utilisation est moins convaincante. Han Solo apparaît par-ci par-là pour remonter les bretelles de son épouse, mais l’auteure ne parvient jamais à faire vivre sur le papier le personnage tel qu’on le connaît à l’écran. C’est donc un Han passif et mielleux auquel on a droit, ce qui n’a pas beaucoup d’intérêt. Comme la plupart des auteurs Star Wars, Claudia Gray n’a aucune idée de ce qu’elle peut bien faire avec les droïdes, et C3PO, qui apparaît dans de nombreuses scènes, n’est ni utile, ni drôle.

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Les nouveaux personnages introduits par l’auteure ont un intérêt variable. Ransolm Casterfo est un jeune et ambitieux sénateur, rival de Leia, qu’on imagine facilement pouvoir être interprété au cinéma par Tom Hiddleston. C’est un personnage complexe et attachant, qui fait presque office de co-protagoniste du roman et qui donne du relief à toutes les scènes dans lesquelles il apparaît : une belle réussite. Ce n’est pas le cas d’un gangster et d’une aristocrate, qui jouent des rôles-clé dans l’intrigue, et qui ne parviennent par contre jamais à se hisser au-dessus du cliché.

L’auteure a souhaité adjoindre à Leia trois personnages qui constituent son équipe, une idée qui là aussi tourne court : Greer, son adjointe, et Joph, un pilote, sont le genre de figures que l’on imaginerait bien figurer dans une série télé basée sur la carrière politique de Leia, mais en l’état, comme il ne semble pas que ce roman doive avoir une suite, les intrigues secondaires qui les concernent sont brièvement esquissées et ne mènent nulle part. Une stagiaire, Korrie, n’a aucune personnalité et aucun rôle dans l’intrigue et c’est à se demander ce qu’elle fait dans ce roman.

Ça ressemble assez peu à du Star Wars tel qu’on l’aime à l’écran

Pour le reste, Bloodline souffre des mêmes défauts que la quasi-totalité des romans Star Wars : comme eux, il se regarde le nombril, comporte très peu d’humour, aucun esprit pulp, et remplit page après page de considérations culturelles sur les cultures aliens. Bref : ça ressemble assez peu à du Star Wars tel qu’on l’aime à l’écran, même si c’est terriblement proche de ce qu’on trouve dans les bouquins de la saga. Alors que les scénaristes parviennent souvent à capturer l’esprit de Star Wars à la télévision ou dans les bande dessinée (et parfois dans les jeux vidéo), les auteurs de romans, sans que je m’explique pourquoi, finissent invariablement par produire des histoires mornes, lentes et introspectives qui rappellent davantage Babylon 5 que l’univers de George Lucas.

Malgré tout, Bloodline n’est pas si mal fichu. Il constitue une lecture agréable et on sent que des efforts ont été faits pour qu’il constitue un véritable roman plutôt qu’une série de références et de clins d’œil. C’est loin d’être la pire œuvre de commande qu’il m’ait été donné de lire (mais ce n’est pas la meilleure non plus).

Et vous ? Il vous est déjà arrivé de lire des romans Star Wars ?

6 réflexions sur “Critique: Star Wars – Bloodline

  1. En fait, tous ces livres de commande n’ont qu’une seule fonction : extraire jusqu’à la dernière goutte de profit un produit commercial déjà juteux. Le pire exemple que je connaisse sont les bouquins écrits dans la foulée de la série The walking dead ; une vraie cata, de mon point de vue et qui n’engage que moi, bien entendu. Il y aussi les Millénium, de Stieg Larsson. Les deux titres qui ont suivi, écrits par David Lagercrantz, sont corrects et assez plaisants à lire, mais c’est tout. Et là aussi, la série Millénium a été reprise uniquement dans l’optique de continuer à faire de l’argent (dixit la veuve de Larsson). Bon, je m’arrête ici, parce que lancée comme je suis, je vais t’en écrire une tartine 🙂

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